Le Québec au tableau d'honneur de l'entrepreneuriat mondial


Édition du 15 Octobre 2016

Le Québec au tableau d'honneur de l'entrepreneuriat mondial


Édition du 15 Octobre 2016

Qui l'eût cru ? Le Québec figure maintenant dans le peloton de tête des pays industrialisés en ce qui a trait à l'esprit entrepreneurial de sa population.

Nous sommes parmi les meilleurs du monde !

C'est ce qui se dégage de la toute dernière livraison du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), une étude internationale dont l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est maintenant la mandataire au Québec, grâce à son Institut de recherche sur les PME.

On a pourtant tellement raconté à quel point les gens d'ici étaient méfiants à l'égard des entrepreneurs et du monde des affaires... Manifestement, la perception change au point où les jeunes Québécois, notamment, se classent au haut de l'échelle mondiale en ce qui concerne le démarrage d'entreprises (et non pas seulement pour ce qui est des intentions).

En quelques semaines à peine, c'est la deuxième indication qui vient appuyer cette étonnante assertion.

Fin septembre, Jean-Marc Léger, de la firme du même nom, Jacques Nantel, de HEC Montréal, et Pierre Duhamel, de la Fondation de l'entrepreneurship, lançaient Le Code Québec, le livre qu'ils ont écrit conjointement et qui détaille les sept traits qui font des Québécois, selon eux, un peuple unique au monde.

Le septième trait, associé à la fierté, signale que «l'argent n'est plus un péché» et qu'«il y a une aspiration très forte à réussir chez les Québécois francophones». On s'appuie nommément sur le GEM et sur ses données qui reconnaissent l'ampleur du changement dans notre attitude collective à l'égard du domaine des affaires.

«Il n'y a pas un endroit dans les pays du G7 où l'entrepreneuriat est plus valorisé : 79 % des Québécois estiment en effet que l'entrepreneuriat est un bon choix de carrière, par rapport à 51 % des Canadiens des autres provinces», écrivent les auteurs. Et si on prend l'ensemble des États développés, le Québec se situe au cinquième rang, derrière Taïwan, la Norvège, Singapour et la Suède.

Qui plus est, les Québécois se découvrent une passion concrète pour les affaires, selon les données de l'enquête du GEM. En 2015, pas moins de 13,5 % d'entre eux se classaient à titre d'entrepreneurs émergents, c'est-à-dire en voie de créer ou de lancer une entreprise. C'est le pourcentage le plus élevé de tous les États dont l'économie repose sur l'innovation, autrement dit, de l'ensemble des nations développées. En 2014, ce taux était de 10,5 %.

La progression est véritablement impressionnante, mais Étienne St-Jean, qui a corédigé le rapport «Situation de l'activité entrepreneuriale québécoise» en compagnie de son collègue professeur Marc Duhamel, ne s'en étonne pas. «En 2014, dit-il, on avait noté un taux record dans les intentions d'entreprendre des Québécois.» On doit donc comprendre que beaucoup sont passés de la parole aux actes.

Étienne St-Jean est le titulaire de la Chaire de recherche UQTR sur la carrière entrepreneuriale et responsable du GEM au Québec.

En fait, ce volet québécois était autrefois piloté par HEC Montréal, mais on l'a suspendu en 2005. Il a fallu attendre en 2013 pour voir l'UQTR prendre le relais.

Depuis ce temps, Étienne St-Jean observe une remontée progressive et soutenue des indicateurs. Je le disais précédemment, les jeunes de 18 à 24 ans se distinguent, mais ils ne sont pas les seuls. Pour la période 2013-2015, ils se situent au sommet du classement mondial pour leur activité entrepreneuriale émergente. Phénomène encore plus surprenant : les Québécois de 45 à 54 ans engagés dans la même démarche sont eux aussi numéro un au monde.

Par contre, la cohorte suivante, celle des personnes de 55 à 64 ans, a nettement moins d'ambitions entrepreneuriales. Elles ne sont que 2,7 % à vouloir se lancer en affaires, comparativement à 9,8 % pour les Canadiens des autres provinces, qui présentent à leur tour le pourcentage le plus élevé de tous les pays évalués. On doit davantage songer à la retraite, au Québec...

Gagner en confiance

Il reste encore quelques faiblesses à améliorer. On ne renverse pas une tendance en quelques années, et de vieux démons perdurent. C'est le cas, par exemple, des gros doutes qu'éprouvent les Québécois quant à la perspective de réussir en affaires. Ils manquent de confiance. «La perception de leurs propres habiletés est encore bien inférieure à celle qu'on retrouve ailleurs. Ils s'estiment peu compétents pour devenir entrepreneurs», dit Étienne St-Jean. Pourtant, les autres Canadiens, eux, caracolent et se situent au deuxième rang mondial, juste derrière les Américains. Les Québécois arrivent au 17e rang.

Quand même, c'est là un portrait rafraîchissant, surtout quand on rappelle le déficit entrepreneurial qui menace le Québec avec des dizaines de milliers de PME qui devront trouver repreneurs. La Fondation de l'entrepreneurship, aidée par un sondage Léger, établissait à 38 000 les entreprises en quête de relève, de 2010 à 2020.

On peut se lancer en affaires avec ses propres idées, on peut aussi poursuivre sur l'élan imprimé par d'autres. Dans un cas comme dans l'autre, le plus récent rapport du GEM offre un rayon de soleil : oui, les Québécois ont du sang d'entrepreneur dans leurs veines.

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