À première vue, c'est réconfortant.
On s'attendait au pire, mais le Québec semble encore une fois s'en tirer mieux que ses voisins. La mise à jour financière du ministre Raymond Bachand montre un déficit appréhendé de 4,7 milliards $, à peine 800 millions $ de plus que ce qu'on avait annoncé au printemps. Je ne dis pas « à peine 800 millions » par ironie : en Ontario, par exemple, la projection a doublé en cours de route.
Mais il y a un os.
Contrairement à l'Ontario, le Québec n'inclut pas dans le calcul de son déficit les dépenses supplémentaires engendrées pas le programme des infrastructures, soit environ 800 millions $. Il les expédie directement à la dette globale. Un peu comme si, comme citoyen, on ne calculait pas dans notre endettement réel un prêt hypothécaire, puisqu'il repose sur un actif - une résidence. Comme si on ne prenait en compte que le crédit à la consommation, celui qui alimente notre train de vie : cartes de crédit marge de crédit, et prêts personnels.
C'est ce que fait le Québec. Dans son analyse, les infrastructures sont des actifs, et leur financement ne devrait pas être inclus dans l'évaluation de la « mauvaise dette » selon les mots du ministre. À cet égard, deux observations.
L'Ontario ne fait pas autant dans la subtilité. Ce qu'on doit, on le doit. Le déficit appréhendé, et annoncé, inclut tout. Les factures vont toutes dans le même grand panier.
Et je veux bien que les infrastructures constituent des actifs, mais avez-vous essayé de vendre un viaduc ? Un hôpital ? Une autoroute ?
Dans les faits, l'intérêt que l'on paie, i.e. le service de la dette, porte sur l'ensemble. Et lorsque les taux d'intérêt vont monter, les chèques à signer vont eux aussi devenir plus gros. Désolé, mais les distinctions comptables ont une limite.