35 ans d'existence (3)

Publié le 12/01/2024 à 15:01

35 ans d'existence (3)

Publié le 12/01/2024 à 15:01

On répète qu’il est parfois plus rentable d’être chanceux qu’intelligent pour réussir en Bourse! (Photo: 123RF)

Dans ce troisième blogue de la série portant sur les 35 ans de COTE 100 et les principaux apprentissages que nous tirons de notre existence, je reviens sur le volet de l’investissement, plus précisément sur une leçon capitale que nous avons apprise:

 

La décision de vendre ne devrait pas être (trop) influencée par le coût fiscal

Ceux qui connaissent COTE 100 depuis ses débuts en 1988, notamment les abonnés de première heure à la Lettre financière COTE 100, savent qu’une bonne partie de nos succès boursiers du début reposaient sur un titre : Bombardier. Le titre a été un des premiers que nous avons recommandés dans la Lettre financière COTE 100 en 1988 et acquis dans nos portefeuilles sous gestion. Nous connaissions très bien la société québécoise, en plus de bien connaître M. Raymond Royer, qui a été président et chef de l’exploitation de la société de 1986 à 1996, en qui nous avions une grande confiance.

Plusieurs investisseurs se rappelleront que le titre de Bombardier a été un grand gagnant boursier dans les années 1980 et 1990. De fait, je me rappelle fort bien que certains investisseurs nous avaient reproché à l’époque que le succès de COTE 100 reposait seulement sur le titre de Bombardier. Pourtant, j’ai répété à plusieurs reprises que le succès boursier repose souvent sur un ou deux grands gagnants. Conserver ces titres pendant de nombreuses années, voilà ce qui est difficile à faire!

Une partie importante du succès financier et boursier de Bombardier dans les années 1990 provenait de sa division Aéronautique. En particulier, son programme des jets régionaux CRJ lancé au début des années 1990 représentait une innovation dans l’industrie de l’aviation commerciale et a fortement alimenté la croissance de la société.

Mais ce succès commercial a modifié le profil de la société. Historiquement, ses activités avaient été divisées assez également entre ses trois principales divisions, Aéronautique, Transport en commun et Produits motorisés (Ski-Doo). Or, le succès retentissant de la division Aéronautique et de ses jets régionaux a fait qu’elle représentait plus de 90% des bénéfices de la société à la fin des années 1990. Pour nous, considérant la nature très cyclique du domaine de l’aviation commerciale, cette situation augmentait sensiblement les risques pour la société et pour son titre.

Aussi, le départ de M. Royer de Bombardier en 1996 a quelque peu ébranlé notre confiance. En outre, nous trouvions que le titre devenait particulièrement cher à la fin des années 1990, son ratio cours-bénéfices surpassant 25,0, un niveau que nous jugions généreux, surtout considérant l’aspect cyclique des activités aéronautiques.

Pourtant, nous avons longtemps hésité et reporté notre décision de vendre le titre. Une des raisons de notre hésitation est sûrement que nous étions un peu coupables d’être «tombés en amour» avec ce titre de chez nous qui nous avait si grassement enrichis au fil des ans. Une autre raison est que le coût de nos actions de Bombardier, acquises pour la plupart à la fin des années 1980, était particulièrement bas par rapport à sa valeur au marché à la fin des années 1990. Vendre le titre aurait coûté très cher en impôts à nos investisseurs (dont nous sommes).

On répète qu’il est parfois plus rentable d’être chanceux qu’intelligent pour réussir en Bourse! Or, nous avons été très chanceux dans notre décision de finalement vendre nos actions de Bombardier… en août 2001 à un prix d’environ 24$ l’action, ce qui représente un peu moins de 500$ sur une base ajustée.

 

Pourquoi avons-nous ultimement pris la décision de vendre le titre de Bombardier?

À l’époque, nous avions observé ce qui venait de se produire avec le titre de Nortel, tant sa montée au sommet du marché boursier canadien à la fin des années 1990, en pleine bulle techno, que sa descente aux enfers qui a suivi l’éclatement de la bulle en 2000 et 2001. Même si Bombardier était complètement différente de Nortel, nous trouvions qu’il y avait néanmoins certains rapprochements à faire, notamment dans l’évaluation élevée de son titre.

Quelques semaines plus tard, les tristes événements du 11 septembre 2001 ont eu lieu et le titre de Bombardier avait perdu près de la moitié de sa valeur. Comme on sait, le titre n’a jamais retrouvé son lustre de la fin des années 1990.

Depuis ce temps, nous tentons de ne plus nous laisser influencer par l’aspect fiscal dans nos décisions de vendre un titre. Cette décision devrait toujours être principalement axée sur les éléments fondamentaux d’une entreprise : la qualité du modèle d’affaires et les risques afférents, l’équipe de direction et l’évaluation objective d’un titre.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements et auteur du livre Avantage Bourse 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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