Une prime vous motive-t-elle réellement?

Publié le 21/11/2011 à 09:23, mis à jour le 21/11/2011 à 09:23

Une prime vous motive-t-elle réellement?

Publié le 21/11/2011 à 09:23, mis à jour le 21/11/2011 à 09:23

La question saute alors aux yeux : «On le sait bien, le stress peut amener au burn-out, mais tout ceux qui ont de la pression sur les épaules ne croulent pas pour autant. Qu’est-ce qui nous dit qu’une belle petite prime peut déclencher une telle catastrophe?». Cette interrogation, les chercheurs se la sont posée, bien entendu. Et c’est là qu’ils ont découvert que «la relation entre les deux est particulièrement forte» : «Plus un employé accorde de l’importance à la prime, plus il risque de vivre un épuisement professionnel». Et ce, «en grande partie parce qu’il déploie un effort trop grand pour réaliser ses tâches».

Ce n’est pas tout! M. Forest et ses collègues sont allés au-delà de la simple prime et ont regardé l’impact que pouvait avoir la rémunération elle-même. Résultat? Incroyable! «Plus une personne est satisfaite de sa rémunération, plus elle présente de risques d’épuisement professionnel», indique l’étude.

Comment expliquer un tel phénomène? «Bien que ce résultat puisse sembler complètement contre-intuitif, une explication basée sur la théorie de l’autodétermination peut-être avancée», poursuivent les chercheurs. La théorie de l’autodétermination? Grosso modo, elle considère que pour se dire satisfait de sa rémunération, il est nécessaire d’y avoir préalablement réfléchi, et ces réflexions peuvent amener à accorder moins d’importance à son travail et plus d’attention à la pression ressentie pour répondre aux attentes de son boss. C’est du moins ce qu’ont mis au jour l’an dernier quatre chercheurs japonais - Murayama, Matsumoto, Izuma et Matsumoto -, dans le cadre d’une étude intitulée Neural basis of the undermining effect of monetary reward on intrinsic motivation.

Une autre explication peut être avancée : «Quelqu’un qui est satisfait de sa rémunération voudra probablement aider en retour son entreprise à progresser. Et tout porte à croire que cette réciprocité économique ait un coût psychologique important», estiment les chercheurs.

Par conséquent, un grand constat ressort de l’étude : le salaire n’a pas toujours un impact positif sur la performance. Les primes offertes aux employés augmentent bel et bien l’effort au travail, mais elles ont un coût psychologique, à savoir un risque d’épuisement professionnel. Elles peuvent même rendre les salariés moins performants et contre-productifs.

Inversement, travailler par intérêt et vocation augmente le bien-être et rend les employés plus performants que ceux travaillant surtout pour l’argent. L’étude montre que les salariés qui œuvrent pour une cause sociale ou par intérêt pour le travail lui-même connaissent moins d’épuisement professionnel que les autres. On constate aussi qu’ils mettent plus d’énergie et d’efforts à leur travail.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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