Olivier Schmouker - Faites-vous assez d'erreurs?

Publié le 20/04/2011 à 09:19, mis à jour le 21/04/2011 à 13:54

Olivier Schmouker - Faites-vous assez d'erreurs?

Publié le 20/04/2011 à 09:19, mis à jour le 21/04/2011 à 13:54

Résultat? Nous avons honte quand nous nous trompons. La situation est embarrassante : il faut revenir à la maison avec sa copie et expliquer à ses parents pourquoi celle-ci est truffée de bêtises, puis promettre de faire mieux la prochaine fois. Idem, plus tard, au travail. Pas vrai?

Kathryn Schulz utilise une magnifique illustration de ce phénomène qui nous est devenu si naturel qu’on n’y prête même plus attention : le dessin animé de la Warner Bros intitulé Bip Bip et Coyote, signé par Chuck Jones. Le principe est toujours le même, à savoir que Coyote va tenter par tous les moyens d’attraper le géocoucou dénommé Bip Bip, qui est beaucoup plus rapide que lui. Pour cela, il va inventer mille stratagèmes loufoques, comme des patins à réacteurs et une catapulte géante, qui se retourneront immanquablement contre lui. «Le comique découle non pas du fait que Coyote rate son coup à chaque fois, mais plutôt du fait qu’il ne se rend jamais compte qu’il est dans l’erreur», dit Mme Schulz.

En vérité, Coyote finit par se rendre compte qu’il s’est trompé, mais trop tard. Quand il est déjà dans le vide, à la seconde même où son corps va amorcer une chute vertigineuse. Ou durant le quart de seconde avant de percuter à toute allure une paroi rocheuse du désert californien. Et alors, il panique. Il panique totalement. Mais, en vain. Et nous éclatons de rire, comme un exutoire.

Ce rire est révélateur de notre malaise face à l’erreur. Il nous fait réaliser, quand on prend la peine d’y songer, qu’il est dangereux de se croire être dans le vrai. C’est alors qu’on risque de commettre les pires bêtises. «Quand nous sommes convaincus d’avoir raison et que d’autres ne sont pas d’accord avec nous, que faisons-nous? Dans un premier temps, on considère que les autres n’ont pas les mêmes informations que nous, ce qui explique qu’ils sont dans l’erreur. S’ils persistent à nous contredire, alors nous pensons que ce sont des idiots. Et s’ils insistent toujours, alors là, on se met à croire qu’ils font ça rien que pour nous embêter», dit la journaliste américaine, en soulignant que ce processus de réflexion que nous avons tous est idéal pour nous mener à la catastrophe.

Que faire pour s’extirper de cette trappe mentale? «Le mieux n’est pas de chercher à voir le monde tel qu’il est, mais tel qu’il n’est pas», explique-t-elle de manière magistrale. Une pensée prodigieuse, à mon avis! En effet, voir le monde tel qu’il est est une mission impossible, car chacun le voit, ou plutôt le perçoit, avec ses propres sens et avec le filtre de son propre cerveau. Par exemple, quand vous pensez au ciel étoilé, quelle image vous vient-elle en tête? Certains peuvent songer à une carte des astres. D’autres, à une photo prise par Hubble. D’autres encore, à une toile de Van Gogh. Alors, le mieux est bel et bien de tenter de le voir «tel qu’il n’est pas», c’est-à-dire d’aller au-delà de nos propres perceptions, et donc de nos propres limites, et ce grâce aux perceptions des autres. Par exemple, l’un peut vous pointer dans le ciel une comète qui vous avait échappée, et un autre, une constellation d’étoiles que vous ne connaissiez pas.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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