Je sais, j’en vois parmi vous qui sourcillent en lisant ça : «La mafia flingue ses concurrents et casse des bras à ceux qui ne payent pas leurs dettes en temps et lieu. C’est facile de se faire ainsi respecter. Mais ça ne peut pas fonctionner dans le vrai monde», pensez-vous peut-être. À cela, M. Ferrante a une réponse qui me semble solide : «La violence est plus rare qu’on ne le croit dans les affaires de la mafia. Ce sont les films quoi donnent cette impression. La grande majorité du business se déroule comme dans le monde légal, et ça marche parce que tout le monde respecte le code», m’a-t-il expliqué.
Dans son livre, il souligne d’ailleurs que quantité d’entreprises légales sont gérées en toute légalité, mais aussi en toute discrétion, par des chefs mafieux, généralement depuis un siège du conseil d’administration. «Patsy Conte, un lieutenant de la famille Gambino, a longtemps dirigé les supermarchés Key Food, sans que personne ne le sache vraiment. Il a fallu qu’un journaliste sorte l’info pour que ça s’ébruite», illustre-t-il.
Alors, quels sont les enseignements de ce code de la mafia, garant semble-t-il du succès? Mob Rules en dévoile l’essentiel, à travers 88 leçons. Cela va de «Why Frankie Fever don’t believe the hype?» à «Turning garbage into gold: sniffing out opportunity» et à «Count on yourself and you’ll never be counted ou» en passant par «Capone, Harvard, and Yale: The key to growth». On le voit bien, chaque leçon vise à voir le leadership sous un nouveau jour, celui de la mafia.
Un exemple parmi tant d’autres, celui titré «Social clubs have solid steel doors – that are always open : an open-door policy»… Louis Ferrante y explique qu’à New York, il y a quantité de bars communautaires où les Italiens vont jaser et regarder les matches de soccer à la télévision. Ce sont, bien entendu, des lieux de rencontre pour les mafieux, et parfois le bureau de travail d’un chef local. Des gardes sont postés en permanence en différents endroits, mais n’entravent jamais le passage des «employés». Ces derniers ont ainsi libre accès à leur chef, sans aucun contrôle particulier. «Comment se fait-il que le boss soit efficace s’il est disponible pour tout le monde? Pour commencer, il fait virer les casse-pieds : ceux qui viennent l’embêter pour des broutilles perdent le privilège de le voir quand ils le désirent. Appliqué au bureau, c’est comme si sa secrétaire tenait une liste noire des emmerdeurs», écrit-il.