Comment faire perdre à autrui une mauvaise habitude?

Publié le 10/06/2013 à 07:09, mis à jour le 10/06/2013 à 10:40

Comment faire perdre à autrui une mauvaise habitude?

Publié le 10/06/2013 à 07:09, mis à jour le 10/06/2013 à 10:40

Le principe est simple… Deux automobilistes sont sur la route, l'un derrière l'autre. Elles arrivent dans une tempête de neige terrible, si terrible qu'elles finissent par être immobilisées par la quantité phénoménale de neige qui est tombée. La tempête s'arrête et les nuages s'en vont. Deux possibilités :

> Sortir les pelles et dégager la voie pour tous les deux, ce qui peut permettre à chacun de rentrer chez soi avant la nuit.

> Rester dans la voiture et y passer la nuit.

On le voit bien, il s'agit là d'un jeu à deux variables : d'une part, le degré de punition, évalué par le temps passé dans la voiture immobile; d'autre part, le degré d'effort fourni, évalué par les forces dépensées pour pelleter.

Une fois leur modèle économétrique échafaudé, les trois chercheurs l'ont inséré dans un ordinateur et regardé ce que les deux automobilistes avaient de mieux à faire dans un tel cas de figure. Voici ce qu'ils ont découvert grâce à cela :

> Quand la coopération entre les deux est peu probable (par exemple, on peut imaginer que l'un des deux a si mal au dos que pelleter ne lui dit rien du tout), elle ne peut se produire que si la sanction est très sévère (par exemple, si le froid est si intense que les automobilistes risquent de mourir dans leur voiture immobilisée).

> Quand la coopération entre les deux est seulement probable (par exemple, les deux sont un peu paresseux et misent chacun sur le fait que l'autre pellettera plus fort que lui), alors nul n'est besoin que la sanction soit sévère pour les pousser à coopérer, une punition "moyenne" sera tout aussi, sinon plus, efficace (par exemple, l'idée qu'ils ne vont rien manger de la soirée s'ils restent bloqués là).

«Les sanctions modestes peuvent faire des merveilles, du moins nettement plus que ce qu'on imagine a priori. Et ce, surtout si elles ont une dimension psychologique», indiquent les trois chercheurs dans leur étude.

Et voilà! «Une dimension psychologique», à l'image du ridicule ressenti par les chauffards machos de Bogota, et le tour est joué! Nous avons donc là la preuve que la politique originale du maire Mockus est généralisable à n'importe quel autre domaine et contexte. Il ne vous reste donc plus qu'à trouver la "corde sensible" propre à votre environnement de travail…

En passant, le penseur latin Sénèque disait : «On doit punir, non pour punir, mais pour prévenir».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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