Comment devenir un peu moins égoïste?

Publié le 20/02/2012 à 09:23, mis à jour le 20/02/2012 à 09:12

Comment devenir un peu moins égoïste?

Publié le 20/02/2012 à 09:23, mis à jour le 20/02/2012 à 09:12

Dans le Zibaldone – un vaste recueil de notes prises au jour le jour et traitant de sujets les plus divers (réflexions philosophiques, pensées morales, recherches linguistiques, analyse d’expériences personnelles) –, il note, le 3 septembre 1823 : «Un homme habitué à échouer dans ses entreprises était inévitablement l’objet de la colère des dieux. Une maladie, un naufrage, et autres malheurs semblables provenant directement de la nature étaient des signes plus que certains de la haine divine. On fuyait donc la malheureux comme un coupable; on lui refusait tout secours et toute compassion, craignant par là de se rendre complice de la faute et de prendre part au châtiment. (…) Les amis et la femme de Job le considérèrent comme un scélérat, en le voyant accablé par tant de malheurs».

D’une phrase, il résume son idée autrement : «Dans une petite ville, il n’y a pas d’amitié, mais des partis». C’est-à-dire que nous avons le réflexe de nous protéger des autres dès que l’on vit en vase clos, oui, dès que l’on se sent à l’étroit dans la société où l’on évolue. Nous cherchons sans cesse un plus faible que soi, ou à tout le moins un autre différent, pour s’assurer que si l’un doit s’écrouler, ce ne sera pas nous.

L’égoïsme apparaît en filigrane dans l’ensemble de ses Pensées. Je ne résiste pas au plaisir d’en partager quelques extraits avec vous, tant ils me semblent éloquents…

IX

«Si, contre l’opinion d’autrui, nous avons prédit qu’une chose arrivera comme en effet elle arrive, ne croyons pas que nos contradicteurs, à la vue du fait, nous donnent raison et nous appellent plus sages et plus intelligents qu’eux. Non : ils nieront le fait ou la prédiction, ou bine ils allègueront telle ou telle différence dans les circonstances, ou encore ils trouveront des motifs de se persuader, et les autres avec, que leur opinion était juste et la nôtre fausse.»

XVIII

«J’ai vu à Florence un homme qui, selon la coutume du pays, traînait, comme une bête de trait, une voiture pleine de marchandises et criait fièrement qu’on lui fit place, et je pensai à ceux qui vont pleins d’orgueil, insultant les autres, pour des raisons à peu près semblables à celle qui causait l’arrogance du Florentin, c’est-à-dire l’orgueil de tirer une voiture.»

XXII

«Il me semble difficile de décider s’il est plus contraire aux premiers principes de la civilité de parler d’ordinaire longuement de soi, ou s’il est plus rare de trouver un homme exempt de ce défaut.»

XXIV

«Ou je me trompe fort, ou il est rare que dans notre siècle une personne soit généralement louée, si elle n’a commencé par se louer elle-même. Tel est l’égoïsme, telles sont l’envie et la haine que les hommes se portent les uns aux autres. (…)»

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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