Comment booster subtilement votre influence au bureau?

Publié le 28/03/2017 à 06:06, mis à jour le 28/03/2017 à 06:30

Comment booster subtilement votre influence au bureau?

Publié le 28/03/2017 à 06:06, mis à jour le 28/03/2017 à 06:30

Un truc ultrasimple qui peut changer votre quotidien du tout au tout... Photo: DR

L'influence. Elle est plus que jamais au coeur de l'épanouissement de chacun de nous dans le cadre de son quotidien au travail. C'est que sans elle, on en est vite réduit à suivre le mouvement, sans trop nous poser de questions, sans même réaliser une seule seconde que nous mettons nos pas dans ceux de Panurge. Si bien que la Catastrophe finit par braquer son regard froid et calculateur sur notre nuque et par ne plus cligner des yeux, attendant la seconde d'inattention qui lui permettra de fondre sur nous à la vitesse de l'éclair.

Comment, donc, gagner en influence? Eh bien, la bonne nouvelle du jour, c'est que je pense avoir mis la main sur un truc génial de simplicité à ce sujet. Si, si...

Je l'ai déniché dans une étude intitulée Does communication help people coordinate? et signée par Yevgeniy Vorobeychik, professeur d'informatique à l'Université Vanderbilt à Nashville (États-Unis), assisté de ses étudiants Zlatko Joveski et Sixie Yu. Regardons ensemble de quoi il retourne...

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Les trois chercheurs de Nashville ont eu l'idée d'analyser comment les gens se mettaient à communiquer entre eux dès lors qu'ils formaient un groupe d'une vingtaine de personnes. Et surtout, comment ils devraient s'y prendre pour communiquer de la manière la plus efficace qui soit. Convient-il, par exemple, de laisser chacun communiquer comme il l'entend, sans aucune contrainte? Est-il mieux, par exemple, d'exiger de chacun qu'il ne communique qu'avec ceux qui sont le plus proches de lui? Etc.

Pour s'en faire une idée, ils ont procédé à près de 240 expériences impliquant à chaque fois une vingtaine de personnes. Le principe était très simple... Chaque participant était considéré comme le noeud d'un réseau de connexions entre les membres du groupe. Chacun avait alors le même but : arriver à un consensus avec les autres. Et ce, sachant que :

– chaque participant avait une couleur de départ (rouge ou vert) distribuée initialement au hasard;

– chaque participant pouvait changer de couleur à sa guise;

– chaque participant voyait exclusivement la couleur des noeuds avec lesquels il était directement connecté.

Ce n'est pas tout.

> Communication globale. Dans certaines expériences, les participants pouvaient communiquer avec l'ensemble des membres du groupe, sans pouvoir envoyer de message personnel à l'un d'eux.

> Communication locale. Dans d'autres expériences, c'était le contraire : ils ne pouvaient communiquer qu'avec ceux avec lesquels ils étaient directement connectés, pas avec l'ensemble du réseau de connexions.

> Communication mixte. Dans les dernières expériences, la plupart des membres du groupe ne pouvaient communiquer qu'avec ceux qui étaient connectés à eux tandis qu'une poignée d'autres pouvaient communiquer avec l'ensemble du réseau.

D'après vous, quelle est la meilleure formule pour voir un groupe devenir, en peu de temps, entièrement rouge ou vert? Pas facile à dire, n'est-ce pas? Mais prenez tout de même le temps d'y penser, notamment en songeant à la façon dont fonctionne aujourd'hui votre propre équipe de travail...

C'est fait? Parfait. Voici maintenant les résultats obtenus par les trois chercheurs de Nashville:

> Inefficacité des communications purement locales. Lorsque les participants ne pouvaient communiquer qu'avec ceux avec lesquels ils étaient directement reliés, le consensus a toujours été difficile à atteindre, voire impossible. En fait, les trois chercheurs ont réalisé qu'une telle façon de communiquer n'était guère plus efficace... qu'une absence totale de communication!

Autrement dit, se contenter de communiquer avec ceux qu'on connaît déjà revient à avoir une influence quasiment nulle!

> Efficacité relative des communications purement globales. Lorsque les participants ne pouvaient communiquer qu'avec l'ensemble du groupe, il est arrivé que le consensus soit péniblement trouvé. L'efficacité de cette sorte de communication est donc relative.

Autrement dit, pouvoir entrer en contact avec des personnes avec lesquelles on n'est pas directement relié peut permettre de gagner en influence au sein du groupe. Mais pas toujours.

> Efficacité certaine de la poignée de communicateurs globaux. Lorsque les participants peuvent communiquer localement, à l'exception d'une poignée d'entre eux qui peuvent communiquer globalement, le consensus est vite trouvé, en général. C'est qu'il suffit que les communicateurs globaux parviennent à un consensus entre eux pour que l'ensemble du groupe s'aligne rapidement sur celui-ci par la suite.

Autrement dit, la meilleure façon de gagner en influence consiste à devenir un communicateur global alors que la plupart des autres sont des communicateurs locaux. Ce qui revient à dire que l'idéal est dès lors d'agir en communicateur global, en communication constante avec les autres communicateurs globaux du groupe et en communication ponctuelle avec l'ensemble du groupe lorsqu'il y a une information cruciale à communiquer ou un consensus à trouver.

Pourquoi est-ce là la manière la plus efficace de communiquer dans un groupe, et par suite, d'avoir de l'influence en son sein? Parce que, d'après les trois chercheurs de Nashville, l'information pertinente circule à ce moment-là de la façon la plus fluide qui soit : comme chacun est vite et bien informé, le consensus est vite et bien trouvé.

C'est que dans les autres cas de figure, la communication passe mal. Prenons un exemple concret pour bien le saisir...

Imaginons que l'entreprise ait une vingtaine de personnes et que les deux ou trois chargés du marketing fonctionnent en vase clos : ils sont en "rouge" alors que la grande majorité des autres sont en "vert", et ne s'en rendent pas vraiment compte. Comment vont-ils réagir dès lors qu'il faut lancer une nouvelle offensive marketing? Ils vont faire le forcing pour le "rouge", en envoyant différents messages en porte-à-faux à l'ensemble du groupe, et ainsi devoir se battre contre vents et marées.

En vérité, l'un des chargés du marketing devrait agir en communicateur global et nouer des liens avec les autres communicateurs globaux des autres services de l'entreprise, histoire de faciliter l'obtention d'un consensus, le moment venu. L'équipe du marketing gagnerait ainsi grandement en influence, et donc en efficacité.

Bon. Je vois d'ici certains d'entre vous en train de se dire : «Ben là, y a rien là : les communicateurs globaux, c'est justement le rôle des managers. Le hic? C'est que chez nous, ils sont nuls pour communiquer entre eux, si bien qu'on n'arrive jamais à une vision et une mission percutantes...»

Hum... Cela pourrait être un bon point, néanmoins j'insiste sur un point crucial : j'ai parlé de «communicateur global» tout au long de l'article, et non pas de «manager». Et ce n'est pas pour rien.

En effet, rien ne dit qu'un manager soit un véritable «communicateur global». Car le titre ne fait pas tout. Il se peut très bien qu'au sein de l'équipe de marketing pris en exemple, le meilleur communicateur global ne soit pas le boss, mais l'un des employés : l'important, c'est le réseau de connexions, pas le poste hiérarchique de la personne.

Je m'explique... Au sein d'une entreprise, il y a, bien entendu, la pyramide hiérarchique, qui vise à établir un réseau de connexions pré-établi entre les gens. Mais il y a également – et surtout, dirais-je – d'autres réseaux de connexions sous-jacents, qui définissent la véritable influence des uns et des autres au sein de l'entreprise. Exemples :

> Ceux qui ont un MBA forment, l'air de rien, un réseau informel d'une rare efficacité : lorsque deux chefs de service sont en chicane, la communication entre ces deux services-là peut être rétablie malgré tout par l'entremise de deux employés de ceux-ci qui se connaissent et s'apprécient du simple fait qu'ils ont décroché le même MBA. On le voit bien, ce sont ces deux-là qui ont dès lors une véritable influence au sein de l'entreprise, et non pas leurs bosses respectifs.

> Ceux qui ont des enfants qui pratiquent le hockey assidûment et se retrouvent de temps à autres dans différentes arénas forment, eux aussi, un réseau informel qui peut se révéler d'une rare efficacité, lorsque l'occasion se présente. Sachant qu'ils partagent les mêmes valeurs et passions, ils s'apprécient naturellement, même si, au travail, ils n'ont guère l'occasion d'oeuvrer ensemble. Le jour venu, il suffira à l'un d'entre eux de faire entrer en action ce réseau informel-là pour jouir d'une influence insoupçonnée des autres.

> Etc.

Voilà. J'imagine que vous avez saisi, à présent.

Que retenir par conséquent de tout cela? Ceci, à mon avis :

> Qui entend gagner en influence au sein de son entreprise se doit d'agir à l'avenir en tant que communicateur global. Il lui faut prendre conscience de l'existence de réseaux de connexions informels (les titulaires d'un MBA, les parents de jeunes joueurs de hockey, etc.), veiller à nouer des liens avec les personnes idoines, puis s'en servir lorsque le bon moment se présente à lui. C'est aussi simple que ça.

En passant, le philosophe français Jean Guitton a dit dans Mon testament philosophique : «Tout lien particulier manque de profondeur, s'il n'est ouvert à l'amitié universelle».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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