Le moral des employés plonge partout... sauf au Canada!

Publié le 24/03/2017 à 08:06

Le moral des employés plonge partout... sauf au Canada!

Publié le 24/03/2017 à 08:06

Pourtant, rendre ses employés heureux et efficaces, c'est pas sorcier... Photo: DR

C'est du jamais vu depuis 2012... L'engagement des employés envers leur travail est globalement en recul à l'échelle mondiale : seulement 24% d'entre eux se disent aujourd'hui «hautement engagés» tandis que 37% de disent soit «passifs» (22%), soit «totalement désengagés» (15%), le reste (39%) se considérant comme «modérément engagés». C'est du moins ce qui ressort de l'édition 2017 de l'étude annuelle Trends in Global Employee Engagement du cabinet-conseil en ressources humaines Aon Hewitt.

Ce spectaculaire recul se fait sentir en Asie, en Europe et aux États-Unis. Les seules zones géographiques à y échapper sont l'Amérique latine et l'Afrique ainsi que... le Canada! En effet, le niveau d'engagement (hautement + modérément engagés) des employés canadiens est passé en un an de 69 à 70%; un gain, certes, d'un seul point de pourcentage, mais qui détonne par rapport au recul de 5 points enregistré chez nos voisins du Sud.

Mon nouveau livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

Comment expliquer un tel phénomène? Tout simplement par le fait que 13 des 15 indicateurs de l'engagement considérés par Aon Hewitt ont ici progressé. En particulier les quatre suivants:

> Récompenses et reconnaissance. Les employés canadiens estiment, en général, que les programmes de récompense (primes, promotions, etc.) et autres mesures visant à souligner la performance individuelle et collective sont meilleurs que jamais, après avoir connu une nette amélioration ces dernières années.

> Proposition de valeur des employés (PVE). Ils pensent aussi que l'entreprise dans laquelle ils oeuvrent tient véritablement les promesses qui leur ont été faites. Ce qui leur permet, entre autres, d'exprimer leur plein potentiel dans le cadre de leur quotidien au travail. Bref, ils se sentent écoutés, et mieux encore, entendus.

> Infrastructure facilitante. Ils considèrent que l'organisation du travail va en s'améliorant, à tel point qu'elle leur permet maintenant de faciliter leur travail, et non pas de le ralentir ou de l'alourdir.

> Opportunités de carrière. Ils trouvent enfin que l'entreprise dans laquelle ils évoluent leur offre véritablement la possibilité de connaître une progression dans leur carrière.

Deux bémols, toutefois :

> Diversité et inclusion. Nombre d'employés canadiens considèrent que leur entreprise a encore des progrès à faire en matière de diversité et d'inclusion; et donc, qu'elle gagnerait à non seulement accueillir davantage de profils atypiques, mais aussi à adopter un plan d'intégration efficace pour les nouveaux venus.

> Équilibre travail/vie privée. Une grande partie des employés déplorent, de surcroît, les freins encore en place concernant l'équilibre entre le travail et la vie privée. Leur vie professionnelle serait plus belle s'il leur était davantage permis, par exemple, de travailler à la maison de temps à autres, de fixer eux-mêmes leur agenda, ou encore de bénéficier de cours de yoga au bureau.

«Il est clair que les employés canadiens sont, en général, plus optimistes au sujet de leurs perspectives professionnelles et salariales, les deux plus importants moteurs de la mobilisation», résume Francine Tremblay, associée principale, Talent, rémunération et rendement, d'Aon Hewitt Canada, en soulignant que cela découle en partie de «l'embauche accrue dans de nombreux secteurs économiques du Canada».

Maintenant, comment les employeurs canadiens peuvent-ils poursuivre sur cette lancée? D'après les experts d'Aon Hewitt, il conviendrait de jouer harmonieusement des cinq leviers suivants, présentés ici par ordre d'importance:

1. Récompenses et reconnaissance

Bien entendu, les employeurs feraient bien d'adopter de nouveaux programmes de reconnaissance, car l'être humain est fait de telle sorte qu'il aime être reconnu dans ce qu'il accomplit. Mais cela ne suffirait pas, selon Aon Hewitt...

«Il va de soi qu'aucune entreprise ne peut booster du jour au lendemain la rémunération de l'ensemble de ses employés. Néanmoins, il pourrait être pertinent de considérer une autre voie, à savoir la réduction des écarts salariaux entre différentes catégories d'employés», est-il indiqué dans l'étude, sans qu'il soit fait explicitement mention des différences entre les hommes et les femmes, mais bon, on s'entend...

2. Proposition de valeur des employés

La PVE est fondamentale pour le sentiment d'appartenance, car les employés tirent toujours une certaine fierté de travailler pour un employeur qui tient ses promesses. Mais attention, il s'agit là exclusivement des promesses qui leur ont été faites.

On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de l'importance de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en tant que critère de séduction pour les talents d'aujourd'hui et de demain. Et nombre d'employeurs ont fourni beaucoup d'efforts en ce sens. Le hic, c'est que la RSE en tant que telle n'a plus guère d'importance aujourd'hui aux yeux des employés...

«La RSE ne compte plus vraiment pour eux. L'important, c'est maintenant de nouer un lien de réciprocité entre l'employé et l'employeur, un lien qui incite le premier à faire un pas vers le second, puis à décider de rester ensemble et, enfin, à faire un bout de chemin main dans la main», disent les experts d'Aon Hewitt dans leur étude.

3. Leadership de la haute-direction

«Contrairement à la croyance commune, le manager immédiat n'a pas un véritable impact sur le niveau d'engagement des employés dont il a pourtant la responsabilité. Ce qui compte nettement plus, c'est le leadership dont fait preuve la haute-direction de l'entreprise», disent les experts d'Aon Hewitt.

Et d'ajouter : «Les employés attendent surtout d'eux une vision et une mission à même de les aider à évoluer vers un meilleur futur. Ce qui se comprend parfaitement, en cette période de turbulences économiques».

4 & 5. Opportunités de carrière & Infrastructure facilitante

Ces deux leviers vont de paire. Bien manipulés, ils peuvent permettre à un employeur d'envoyer le message à ses employés qu'ils sont appréciés, et mieux, aimés. «Sans cela, les talents en place sont se mettre à flêtrir, voire mourir, ou pis, chercher une terre plus fertile, celle du voisin», notent les auteurs de l'étude.

Voilà. Motiver comme jamais ses employés n'est pas si sorcier que ça, il suffit d'apprendre à manier les bons leviers, ceux qui ressortent de l'Étude D'Aon Hewitt. À vous, donc, de jouer!

En passant, le penseur français Félicité Robert de Lamennais aimait à dire : «Le plus puissant de tous les leviers, c'est la volonté».

Découvrez mes précédents billets

Mon groupe LinkedIn

Ma page Facebook

Mon compte Twitter

Et mon nouveau livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

 

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...