À quoi bon travailler en équipe?

Publié le 19/07/2012 à 09:34, mis à jour le 19/07/2012 à 13:56

À quoi bon travailler en équipe?

Publié le 19/07/2012 à 09:34, mis à jour le 19/07/2012 à 13:56

Le dilemme du prisonnier a tellement séduit l'étudiant qu'était M. Nowak en 1987 qu'il ne s'est mis à ne penser qu'à ça. Il a eu l'idée de créer un programme informatique permettant de voir ce qu'il se passerait si le dilemme ne concernait plus deux personnes, mais des dizaines, des centaines, des milliers d'individus répartis en deux camps. C'est ce qu'il a fait, avec l'aide de son professeur Karl Sigmund.

Résultat? Une grosse surprise : la stratégie adoptée par les groupes fluctuait au fil du temps, de manière cyclique. Au départ, les gens n'ont aucune confiance dans les autres, et les dénoncent systématiquement, comme l'indique la théorie : le premier réflexe est d'agir de manière égoïste, de balancer l'autre pour – croit-on – subir le moins de pertes possible. Puis, au bout d'un certain temps, la stratégie bascule d'un seul coup, presque sans prévenir : les gens se mettent à agir pour le bienfait d'autrui, ayant enfin compris que cela leur serait aussi bénéfique. On entre dès lors dans un cercle vertueux, où chacun vient en aide à l'autre, si bien que la situation générale s'améliore à grands pas. Puis, encore au bout d'un certain temps, un camp finit par saisir qu'il lui serait encore plus profitable de trahir l'autre, à condition d'agir par surprise. Alors le cycle redémarre, sans fin.

Maintenant, il serait intéressant de savoir pourquoi les stratégies basculent. Pourquoi à tel instant, et pas à un autre. Autrement dit, de savoir ce qui fait que parfois on coopère, et parfois on ne pense qu'à soi. Après des décennies de recherche, M. Nowak a identifié cinq forces impliquées dans ce phénomène :

1. Réciprocité directe. On aide autrui parce qu'on sait qu'il va œuvrer en notre faveur par la suite. C'est la stratégie du «gratte-moi-le-dos-je-te-gratterais-le-tien».

2. Voisinage. Si l'on se trouve immédiatement entouré d'amis ou de proches, on aura plus tendance à coopérer qu'à «la jouer perso», comme on dit. Inversement, si l'on se trouve dans un milieu peuplé d'inconnus, voire de personnes a priori hostiles, on aura un réflexe de repli sur soi.

3. Liens génétiques. Il semble que la loi génétique élaborée par le biologiste J.B.S. Haldane au 20e siècle soit vraie : si notre enfant tombe à l'eau, nous volerons aussitôt à son secours, y compris si c'est très périlleux ; en revanche, s'il s'agit d'un étranger, on y réfléchira à deux fois avant de mettre sa vie en danger. Ainsi, notre comportement envers autrui dépendrait du lien génétique que l'on a avec lui : si une partie de nos gênes sont en lui, nous l'aiderons comme si c'était nous-mêmes, mais si aucune partie de nos gênes n'est présente, alors là…

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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