Entre quatre murs

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Septembre 2019

Entre quatre murs

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Septembre 2019

(Photo: 123RF)

Fini les chantiers uniques. Flairant une envie d'écosystèmes autosuffisants, les promoteurs multiplient les projets immobiliers mixtes. Ces minivilles, où on peut aussi bien se loger que travailler et consommer, vendent l'idée du bien-vivre ensemble et d'une cohabitation harmonieuse.

Pendant que l'industrie immobilière tente de répondre à cet idéal, le monde de l'entreprise, lui, continue à bâtir des cloisons. Car ne nous y trompons pas, il y a des murs invisibles dans les espaces ouverts. On peut réaménager autant qu'on veut les espaces de travail, supprimer les bureaux fermés, abolir les places fixes, ajouter des zones de collaboration, rien n'y fait, des sous-groupes se forment toujours, en fonction de leurs propres affinités. Les organigrammes enfoncent le clou. Chacun appartient à une équipe, avec ses propres codes, ses rituels et ses façons de faire. Le sentiment d'appartenance est fort. Entre nous, on se comprend, on est du même clan.

C'est pourquoi il est si difficile de briser les silos. Malgré les aberrations que crée le manque de communication entre les services, ainsi que les incompréhensions et les frustrations qu'elles génèrent, il n'y a pas de réelle envie de se mélanger. Envers les autres, on ressent au mieux un sentiment d'indifférence, au pire, un sentiment de rivalité. Après tout, on se bat régulièrement pour des projets, des budgets ou de la reconnaissance. Ce ressenti est parfois exacerbé, consciemment ou non, par la direction elle-même.

Or, cette muraille invisible a un impact sur l'entreprise. Comment avoir une vision globale lorsqu'on ne voit que sa partie ? Comment ne pas dédoubler les efforts quand il n'y a aucun partage des ressources et des talents ? L'innovation émerge de la confrontation des différences, et la collaboration se développe grâce à ce qui nous unit. Il ne sert à rien d'en faire des axes stratégiques de nos organisations si on ne favorise pas au préalable ces conditions.

Mettre en place une véritable synergie entre les divisions d'une entreprise n'est pas une utopie. Il suffit d'en faire une priorité. Cela commence par les gestionnaires, qui doivent montrer l'exemple. À quand remonte votre dernier échange spontané avec un collègue d'une autre équipe, sans y avoir été contraint par le fait de vous retrouver malencontreusement au même moment, à la machine à café ?

Si cette mentalité de clans existe dans votre entreprise, observez comment vous y contribuez, directement ou indirectement. Et je vous mets au défi, d'ici la réception de votre prochain journal, de faire un geste pour enlever une brique du mur qui vous sépare.

Oserez-vous être la personne qui ouvre la brèche ?

Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
marine.thomas@tc.tc
@marinethomas

À propos de ce blogue

Marine Thomas est rédactrice en chef de Les Affaires. Elle travaille au sein de la rédaction depuis 2016 à titre de directrice de contenu, Journal et Bulletin privilège. Marine est animée par un désir d’offrir à nos lecteurs des contenus pertinents et de grande qualité, que ce soit sous formes papier ou numérique. Par ailleurs, elle agit au CA du Y des femmes de Montréal – YWCA Montreal depuis 2014. Elle est actuellement vice-présidente du CA. Auparavant, elle été rédactrice en chef à la Revue Gestion – HEC Montréal, rédactrice en chef d'Inspiro Média et rédactrice en chef adjointe de Premières en Affaires. Marine possède une maîtrise en Management de la culture et des médias (Spécialité presse et édition) de Sciences Po (Paris).

Marine Thomas