Les pertes sont épongées par les épargnants

Publié le 22/04/2010 à 11:08

Les pertes sont épongées par les épargnants

Publié le 22/04/2010 à 11:08

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Le grand ménage des mauvais prêts aux États-Unis poursuit son cours. Beaucoup de provisions pour pertes sur prêts sont enregistrées par les banques. Avec autant de pertes, on pourrait se demander comment se fait-il que beaucoup d'entre elles soient toujours profitables?

Les hypothèques dégagent des revenus d'intérêt beaucoup moins élevés qu'avant, car les taux d'intérêt fixés par la Fed sont maintenus à des bas niveaux. Moins de revenu signifie moins d'argent pour éponger les pertes sur prêts. Et bien, en réalité, ce sont les épargnants qui paient pour la plupart de ces pertes! Ils le font en concédant la majeure partie du rendement auquel ils ont droit sur leurs épargnes.

Prenons l'exemple de l'une de nos banques en portefeuille, la Wilshire Bancorp (WIBC-Q). Même après avoir enregistré au dernier trimestre une provision pour pertes sur prêts de 17M$ (ce qui est gros pour elle), la banque est toujours profitable. En faisant quelques ajustements aux données, on s'aperçoit que sa marge nette d'intérêt demeure élevée, et même...augmente! La marge nette d'intérêt correspond à la différence entre ce qu'elle perçoit en intérêts de toutes sortes (prêts, obligations, etc), et ce qu'elle paie sur les dépôts (comptes d'épargnes ou de chèques, certificats de placement garanti, etc).

Donc, les propriétaires de maison profitent des bas taux d'intérêt, et les épargnants doivent se contenter de rendements ridicules sur leurs dépôts en banque. Au dernier trimestre, Wilshire a payé 1.55% en moyenne sur l'ensemble de ses dépôts, comparativement à 1.83% au 4e trimestre 2009 (il y a seulement 3 mois). Ce taux diminue constamment depuis deux ans, et la banque prévoit d'autres baisses, puisque certains dépôts plus coûteux viendront à échéance bientôt. Elle pourra alors les remplacer par des dépôts à taux microscopiques.

Que peut-on en conclure? Et bien, les épargnants qui craignent d'investir dans le marché boursier et qui contribuent aux dépôts des banques se retrouvent en fait à financer les pertes sur prêts de la crise! Warren Buffett avait raison lorsqu'il disait l'an passé que l'environnement financier était favorable aux banques.

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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