
Les frères Winklevoss (qui ne savaient pas programmer) n’étaient de toute évidence pas les bonnes personnes pour bâtir Facebook, qu'ils en aient eu ou non l'idée. [Photo : Bloomberg]
Alors que l’échéance pour s’inscrire au Défi Start-up 7 approche (vous avez jusqu’au 4 octobre), je réponds à de plus en plus de questions en provenance d’aspirants entrepreneurs. L’une des questions qui revient le plus souvent, et qui ne manque pas de m’exaspérer, est la suivante : « Si je partage mon idée, je ne risque pas de me la faire voler? ».
La réponse courte est que oui, il est factuellement possible qu’on vous vole votre idée. En effet, une idée ne peut pas être protégée par un brevet ou une marque de commerce. Cela dit, les idées géniales ne permettent pas à quiconque de devenir riche et, contrairement à ce que vous pourriez croire, elles ne sont pas rares. Même que, dans le merveilleux monde des start-ups, il y a une surabondance d’idées, mais une rareté d’ingénieurs, qui ont souvent eux aussi des idées géniales, à cause desquels nombre d’entre eux décident d’ailleurs de ne pas travailler à concrétiser les idées géniales des autres.
Vous ne me croyez pas quand j’affirme que les idées géniales ne valent rien? Je vais vous en donner quelques-unes et on verra si l’un d’entre vous me les volera. Ce serait déjà surprenant, car je suis sûr que vous avez déjà vos propres idées géniales. Et si vous me volez une de mes idées géniales, je doute fort que vous en fassiez une entreprise multimillionnaire, que vous la vendiez, et que vous achetiez une île déserte dans quelques années. Si vous y parvenez, n’hésitez pas à m’envoyer un courriel sardonique à partir de votre île, avec un lien vers ce billet, ou un chèque, si vous vous sentez généreux. Sachez toutefois que si y parvenez, je ne m’attends à rien, car vous ne devrez votre succès qu’à l’efficacité de votre exécution.
Dans les faits, l’exécution compte pour beaucoup plus que l’idée en affaires. Shopify, une start-up fondée à Ottawa en 2004, a été créée par un développeur, mécontent des plateformes existantes permettant de bâtir un site transactionnel. À l’époque, il existait de nombreuses plateformes de ce type et l’idée de Tobias Lütke, qui était d’en bâtir une meilleure, n’était pas géniale. On aurait pu lui dire, et avec raison, que plein de gens avaient eu cette idée avant lui et que ses concurrents avaient une longueur d’avance et plus de capital que lui. Son exécution a toutefois été exemplaire et il a non seulement su développer une des meilleures plateformes sur le marché, mais aussi, une communauté vibrante de développeurs d’applications compatibles et de clients, laquelle explique pourquoi Shopify est aujourd’hui valorisée à près de trois milliards.
Voici donc quelques-unes de mes idées géniales, qui ne le sont sans doute pas tant que ça, mais qui sont assurément meilleures que celle qu’a eu Tobias Lütke en 2004. N’hésitez pas à me les dérober. Sérieusement, je ne serais pas peu fier si l’un d’entre vous me volait l’une de ces idées :
- Un Airbnb des bureaux commerciaux à louer la nuit. En effet, le parc immobilier commercial n’est souvent utilisé qu’au tiers de sa capacité, soit entre 9h et 17h. Ça permettrait de densifier le tissu urbain, d’économiser de l’énergie et de réduire les frais de location tant pour les locataires de jours que pour ceux de nuits.
- Une plateforme de consultation en ligne basée sur le modèle de 99designs, où les clients soumettent leurs problèmes et où des consultants professionnels ou amateurs proposent leurs solutions. L’auteur de la meilleure solution se voit ensuite décerner un montant en argent prédéterminé par le client.
- Une université accréditée par le gouvernement du Québec ou tout autre gouvernement respecté, qui offre de vrais crédits universitaires pour des cours complétés sur Coursera, à condition de passer un examen dans un lieu physique.
La suite : Une idée volée vaut déjà plus qu’une idée secrète