
David Baazov, le pdg d’Amaya, a parlé de prévention du jeu compulsif et de politique à l’occasion d’un dîner-conférence organisé par l’Association des MBA du Québec. [Photo : AMBAQ]
David Baazov, le pdg d’Amaya, a dévoilé l’une de ses cartes à l’occasion d’un dîner-conférence organisé par l’Association des MBA du Québec ce jeudi. Le pdg d’Amaya a alors soutenu être en faveur de plus de clarté et plus de réglementations en matière de jeux en ligne.
Au Québec, les activités de PokerStars contreviennent aux lois, puisque seul Loto Québec peut y offrir des jeux de hasard. Or, David Baazov a dit espérer parvenir à une entente qui permettrait à Amaya de prendre les paris des Québécois de manière légale : « Nous espérons devenir le fournisseur de jeu de hasard accrédité auprès du gouvernement du Québec», a lancé David Baazov.
David Baazov souhaite ainsi imposer au Canada le modèle qui permet à aux sites de pokers d’Amaya de bénéficier d’une position dominante dans plusieurs marchés européens, dont l’Angleterre et la France, où Amaya se conforme à la loi et perçoit des taxes, ce qu’elle ne fait pas au Canada.
David Baazov a déclaré faire du lobbying afin de parvenir à ses objectifs. Après vérification au Registre des lobbyistes, il s’avère qu’Amaya a retenu les services de Luc Ouellet, associé directeur du cabinet de relations publiques NATIONAL à Québec pour faire avancer son agenda politique.
Après s’être étendu sur les mesures prises par Amaya pour limiter le jeu compulsif sur ses plateformes, David Baazov y a été d’une déclaration emphatique sur son désir de rester à Montréal : «Pourquoi on reste à Montréal? Nos investisseurs nous le demandent et nos employés nous le demandent. Je veux rester à Montréal, parce que c’est ma ville. J’ai grandi à Montréal, mon épouse a grandi à Montréal et nos quatre enfants grandissent eux aussi à Montréal.»
Or, selon l’avocat spécialisé en jeu du hasard Modern Lazarus, que j’avais interviewé pour un précédent reportage sur Amaya, la société montréalaise déménagerait probablement son siège social si les négociations avec Québec venaient à échouer. « Il a déjà rencontré plusieurs fois des représentants de chaque province au Canada ; ce qu’il veut, c’est faire sa part et payer ses taxes au Canada, alors que ses concurrents exploitent des casinos en toute impunité sans aucune présence au pays », m’avait confié Modern Lazarus.
Compte tenu de ses déclarations d’aujourd’hui, il est possible que David Baazov soit assez avancé dans ses négociations pour afficher cette confiance. Il se pourrait aussi qu’il bluffe, histoire d’exercer une pression supplémentaire sur Québec. Venant de lui, cela ne serait pas surprenant.
Dans sa présentation, Baazov a dit qu’on lui demandait souvent comment une aussi petite entreprise avait obtenu un financement de cinq milliards de dollars auprès d’investisseurs parmi les plus intelligents dans le monde. Sa réponse à cette question usuelle? La confiance. «La réussite de très nombreuses entreprises repose sur la confiance. Je pense qu’il y en a plein parmi vous qui avez de très bonnes idées, mais plus de 90% de ces idées meurent quand le doute s’installe.»
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