Veut-on d'un Berlusconi au Québec? La réponse est non!


Édition du 08 Novembre 2014

Veut-on d'un Berlusconi au Québec? La réponse est non!


Édition du 08 Novembre 2014

PKP croit que ses interventions sont légitimes, puisqu'elles sont aussi faites dans l'intérêt général du Québec. Bref, ce qui serait bon pour son empire le serait également pour le Québec. Mais ce n'est pas aussi simple, Québecor étant un empire médiatique capable d'influencer l'opinion publique et l'exercice même de la démocratie. Rappelons aussi que PKP avait également la réputation d'intervenir dans les salles de rédaction de ses sociétés.

S'il devient chef de son parti, ce qui est probable, ses intérêts dans Québecor deviendront très problématiques. Non seulement se retrouvera-t-il en conflit d'intérêts, mais il placera les dirigeants de ses entreprises de presse dans une situation difficile et il se retrouvera lui-même au sein de controverses dont il devra répondre (autrement que sur les médias sociaux).

Sa proposition de placer dans une fiducie sans droit de regard ses intérêts ne tient pas la route. Cette solution convient pour un portefeuille diversifié de placements qu'un fiduciaire pourrait gérer à sa guise. François Legault, chef de la CAQ, a fait encore mieux en n'investissant que dans des obligations du gouvernement. Or, la fiducie que créerait PKP contrôlerait 24 % des actions de Québecor et 73 % de ses droits de vote. PKP serait informé chaque trimestre des résultats de Québecor et du Groupe TVA, qui ont l'obligation de cette divulgation. Il pourrait ainsi suivre l'essentiel de ce qui se passe dans son empire et il se retrouverait en conflit d'intérêts de façon permanente, une situation intenable.

De plus, même s'il s'abstiendra de se mêler de la gestion quotidienne de son empire, ses gestionnaires n'oublieront pas qui est leur patron ultime, se rappelleront qu'il pourrait éventuellement revenir à la tête de l'empire dans son entreprise et sauront qu'il pourrait alors vouloir régler ses comptes à l'égard de ce qu'il n'aurait pas aimé. PKP ne s'est jamais gêné pour congédier sans ménagement quelqu'un qui ne faisait pas son affaire.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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