Pas de vérification interne
Malgré sa taille imposante, le CHUM n'a pas de service de vérification interne. C'est aussi le cas pour la presque totalité des centres de services de santé du Québec. Ceux-ci s'exposent alors à des fraudes et à d'autres malversations qui pourraient leur coûter très cher. Dans la même veine, les hôpitaux gèrent très peu les risques autres que ceux qui sont associés aux soins (risques financiers, technologiques, liés à la protection des actifs, aux ressources humaines, à la réputation, etc.).
Certains des manquements associés au CHUM résultent d'une mauvaise gestion de sa gouvernance, mais d'autres faiblesses découlent de la structure même de la gouvernance imposée par la loi. Plusieurs aspects de cette structure devraient être améliorés.
Les CA des établissements de santé comptent trop de membres (de 18 à 21, selon la loi) ; le CHUM en a 20, parmi lesquels neuf sont délégués par des groupes d'intérêt (médecins, infirmières, personnel non clinique, université, fondation, usagers). Certains de ces délégués se voient comme des représentants de leur groupe d'intérêt et non comme des mandataires de l'hôpital, et se comportent en conséquence.
Le fait que le CHUM a un comité exécutif et que certains membres du CA représentent des employés amène la direction à ne communiquer l'information sensible et certains documents qu'aux membres du comité exécutif. Il en résulte deux catégories d'administrateurs, les bien informés et les autres, ce qui crée une source de tension au sein du CA. C'est un vice de structure. Les accompagnateurs recommandent que l'on réévalue la pertinence de maintenir le comité exécutif. La tendance en gouvernance est d'éliminer les comités exécutifs.
On demande beaucoup aux administrateurs d'un centre de services de santé, et il a sûrement été frustrant pour les administrateurs du CHUM de s'être fait dire par le ministre Réjean Hébert qu'ils avaient mal accompli leur travail. Ces administrateurs ne sont pas payés, même s'ils exercent des fonctions aussi importantes que celles des administrateurs de sociétés d'État commerciales qui, eux, sont rémunérés.
Le président du conseil d'un établissement de santé, qui n'a pas de rémunération, endosse de très importantes responsabilités et il doit travailler en tandem avec le directeur général. Dans le cas du CHUM, le président du conseil doit s'assurer de l'efficacité d'un CA qui gère un hôpital doté d'un budget de 900 millions de dollars, qui emploie 12 000 personnes et qui mène à terme un projet immobilier de 2 milliards de dollars. Il faut s'ennuyer, être naïf ou être à la recherche d'une grande visibilité pour accepter une telle tâche sans rémunération et l'assumer correctement.
Il importe que Québec revoie la gouvernance de ses établissements de santé. Sans cela, il exposera les contribuables à des risques qui pourraient leur coûter très cher.