Le gouvernement du Québec croyait avoir mené à bien la réforme de la gouvernance de ses établissements de santé grâce à la loi 127, adoptée en juin 2011.
Il faut toutefois se rendre à l'évidence et admettre que cette réforme a été insuffisante. En témoigne la crise que vient de vivre le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Elle a été marquée par le renvoi du directeur général, Christian Paire, les enquêtes et les analyses qu'y a faites l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, et la démission récente de son président du conseil d'administration (CA).
Le rapport que viennent de déposer les deux accompagnateurs mandatés par l'Agence auprès du CA du CHUM est très révélateur. Voici des inefficacités qu'on y a décelées :
- Les comités du CA sont mal constitués ; par exemple, le comité des ressources humaines est formé de représentants internes, dont un président de syndicat ;
- Le comité exécutif prend des décisions qui devraient être prises par l'ensemble du CA ;
- Les membres du CA ont un taux d'absentéisme élevé ;
- La période de questions réservée au public est utilisée à mauvais escient ; des employés viennent y faire des représentations ;
- L'ordre du jour n'est pas préparé par le président du conseil et le directeur général, mais par la direction des affaires institutionnelles et juridiques ;
- Des membres du CA et de comités n'ont pas accès à tous les documents ; cela nuit à une bonne compréhension des enjeux par l'ensemble des membres ;
- Plusieurs règles de gouvernance tardent à se mettre en place ; c'est le cas d'un code de conduite pour les administrateurs, de l'évaluation du CA et de l'établissement de profils de compétences pour le recrutement de nouveaux administrateurs ;
- Des documents sont déposés séance tenante au lieu de l'être avant la réunion, de façon à permettre aux membres du conseil d'avoir le temps d'en prendre connaissance.