Hydro-Québec: une gouvernance indigne


Édition du 21 Février 2015

Hydro-Québec: une gouvernance indigne


Édition du 21 Février 2015

Une insulte aux Québécois

Non seulement ces nominations montrent le peu d'importance que le gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, accorde à la gouvernance d'Hydro-Québec, mais elles sont une insulte aux Québécois qui s'attendent à ce que l'État se soucie réellement de la saine administration de cette société de premier plan. Hydro-Québec gère un actif de 73 milliards de dollars, réalise des revenus de 14 G$ et compte 20 000 employés. Elle a une dette à long terme de 44,5 G$, qui est détenue dans de nombreux marchés.

Comme d'autres présidents du CA avant lui, M. Penner préside également le comité de gouvernance. C'est une aberration puisque, selon la loi, ce comité est responsable de l'évaluation du CA, ce qui revient à dire que M. Penner s'évalue lui-même. Ce cumul de postes n'existe ni à la Caisse de dépôt, ni à Investissement Québec, ni dans le secteur privé.

Comme il y a quatre postes vacants au CA d'Hydro-Québec, neuf nouveaux administrateurs pourraient y avoir accédé en moins d'un an. Il s'agit d'un taux de roulement très élevé. Il appartient au gouvernement de nommer les administrateurs, mais celui-ci doit le faire en fonction des « profils de compétence et d'expérience » approuvés par le CA et qui « doivent inclure une expérience de gestion pertinente à la fonction ». Il serait intéressant de connaître ces profils et de pouvoir vérifier si on en a tenu compte lors des dernières nominations.

Et la relève ?

Le CA doit aussi planifier « la relève des dirigeants ». Il serait pertinent de savoir où en était le CA sur ce plan quand M. Vandal et Mme Nadeau ont annoncé leur départ.

Alors qu'on se soucie de plus en plus de la saine gouvernance dans les organisations privées, ce message semble ignoré par les dirigeants politiques, qui utilisent trop souvent les CA des sociétés d'État et des organismes publics pour récompenser des amis qui ne sont pas toujours qualifiés pour les responsabilités qui leur incombent. Les premiers à le savoir semblent d'ailleurs les dirigeants politiques eux-mêmes, puisqu'ils ne se gênent pas pour court-circuiter les CA qu'ils nomment. C'est très décevant et très inquiétant !

J’aime

Québec investira 450 M$ en deux ans dans des travaux sylvicoles et pour atténuer les dommages collatéraux de sa gestion bureaucratique du nouveau régime forestier. Cette politique a accru le coût du bois de 20 à 30% selon les régions.

Je n’aime pas

Il y a un risque que le procès en cours dans l’affaire Cinar avorte, car il ne reste plus que 11 des 14 jurés retenus au début des audiences en mai 2014. La perte de deux autres jurés conduirait à un non-lieu, et les victimes des fraudes présumées risqueraient de perdre l’argent qu’elles avaient confié aux sociétés de placement des accusés John Xanthoudakis (Norshield) et Lino Matteo (Mount Real). Le troisième accusé, Ronald Weinberg, aurait participé à un vol de 126 M$, somme empruntée à Cinar, qu’il dirigeait. La longueur de ce procès montre l’inefficacité du système de justice face à des millionnaires qui font traîner les procédures.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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