Élue sur une vague, Rachel Notley devra aller contre vents et marées


Édition du 16 Mai 2015

Élue sur une vague, Rachel Notley devra aller contre vents et marées


Édition du 16 Mai 2015

Des défis considérables

On ne peut certes pas attribuer à M. Prentice la situation financière du gouvernement, dont il a hérité en septembre 2014, ni le déclin de l'économie de l'Alberta, qui a un taux de croissance réelle estimé à seulement 0,5 % en 2015. Les raisons : l'effondrement du prix des hydrocarbures, dont la province est très dépendante, tout comme les finances du gouvernement et la chute des investissements dans ce secteur.

Cette réalité rendra la vie très difficile au gouvernement que doit constituer Rachel Notley, qui sera formé d'un caucus de 49 nouveaux élus, donc néophytes sur le plan politique et en matière de gestion des affaires de l'État. Rachel Notley a beaucoup promis : révision à la hausse des redevances tirées de l'exploitation des hydrocarbures, relèvement de 10 % à 12 % du taux d'impôt sur les bénéfices des sociétés, nouveaux taux d'impôt progressif pour les particuliers gagnant plus de 125 000 $ par année, augmentation du salaire minimum à 15 $ de l'heure, gel des droits de scolarité des étudiants, meilleur financement de l'éducation et des garderies, appui financier accru aux dépenses d'infrastructures des municipalités et du secteur de la santé.

En plus d'avoir à présenter un nouveau budget, elle doit aussi statuer rapidement sur les objectifs de réduction des gaz à effet de serre provenant des sables bitumineux que le gouvernement fédéral veut présenter à la réunion du G7, le 7 juin prochain.

Des militants qui devront patienter

Il est évident qu'elle devra reculer sur un certain nombre de ses promesses, surtout sur celles qui sont les plus inappropriées, compte tenu de la chute des revenus, des bénéfices et des investissements du secteur des hydrocarbures.

Elle aura aussi à faire patienter ses militants de centre gauche, dont les attentes sont parfois irréalistes, et courtiser les 59 % d'électeurs qui n'ont pas voté pour les politiques de son parti.

Elle bénéficiera d'une période de grâce, mais qui pourrait être de courte durée si les prix du pétrole et du gaz ne remontent pas et si, par conséquent, l'économie ne reprend pas. Fondamentalement, elle aura à réconcilier les valeurs de centre gauche de sa base militante et d'une population de plus en plus sensible au développement durable avec les enjeux d'une économie fondée sur l'exploitation des énergies fossiles.

Les milieux économiques et financiers se sont montrés discrets sur l'avènement du nouveau gouvernement. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas une certaine appréhension quant à l'avenir de l'économie albertaine, surtout si le prix des hydrocarbures reste bas. Il en est sans doute ainsi pour l'ensemble du pays en raison de l'importance de l'économie de l'Alberta et des revenus qu'elle procure au gouvernement fédéral et à de nombreux résidents des autres provinces.

À lire aussi:
60 secondes avec: Angelo Katsoras, premier associé à la Financière Banque Nationale

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

Blogues similaires

Apprendre à tourner la page

Édition du 20 Janvier 2021 | Olivier Schmouker

CHRONIQUE. J’ ai une grande nouvelle que j’ai annoncée déjà il y a quelques jours sur notre site web.