Ce que cible le maire
Si on était syndiqué, de la Ville, d'une autre municipalité, ou encore d'une grande entreprise, on ne verrait pas d'un très bon œil la croisade que s'apprête à entreprendre le maire.
C'est que lorsqu'il a quelque chose en tête, monsieur Labeaume n'est pas renommé pour laisser facilement aller le morceau. Et qu'il aura fort probablement en plus l'opinion publique derrière lui. Il n'a pas manqué de souligner mercredi que la rémunération globale des employés des villes est supérieure de 29,2% à celle des fonctionnaires du gouvernement du Québec, en s'appuyant sur des chiffres de l'Institut de la statistique du Québec.
S'il ne semble pas vouloir s'attaquer si fortement aux salaires (il parle de hausses minimes qui pourraient être accordées), le maire ne cache pas qu'avec le droit au lock-out, il veut notamment éliminer les planchers d'emplois et les limitations à la sous-traitance.
Surtout, et c'est là que ça devient plus inquiétant pour tous les syndicats, y compris ceux des grandes entreprises, monsieur Labeaume a en mire les régimes de retraite.
Non pas en attaquant les rentes gagnées (ce qui est gagné reste gagné), mais en attaquant particulièrement le renflouement des déficits actuariels. Le maire veut que les employés y contribuent à 50-50, alors que la situation actuelle dans les grandes entreprises est que l'employeur assume 100% de ces déficits.
Il y a là beaucoup d'argent en jeu. À titre d'exemple, en 2002 la contribution de la Ville de Québec au régime de retraite s'élevait annuellement à 21 M$. Elle est aujourd'hui à 93 M$ et elle pourrait atteindre 173 M$ d'ici sept à huit ans, alors qu'un déficit actuariel plus important s'annonce. La croissance de la contribution n'est pas uniquement due au déficit actuariel, mais on peut quand même entrevoir son poids.
Avec la démarche du maire de Québec pour obtenir cette contribution de 50%, c'est toute la responsabilité des grands régimes de retraite du Québec qui risque d'être modifiée.