Pouliot: Attention danger, Québec doit cesser d'emprunter sur Hydro-Québec

Publié le 21/06/2011 à 09:17, mis à jour le 21/06/2011 à 09:17

Pouliot: Attention danger, Québec doit cesser d'emprunter sur Hydro-Québec

Publié le 21/06/2011 à 09:17, mis à jour le 21/06/2011 à 09:17

Soit voyons à plus long terme. C'est encore plus préoccupant.

Dans 30 ans, l'entente sur la production du complexe Churchill viendra à échéance. Du coup, Hydro perdra les 5 000 mégawatts d'électricité qu'elle achète de Terre-Neuve et qui lui coûtent actuellement de 0,25 à 0,30 cent le kilowattheure (kWh).

Grosso modo, l'entente génère de 30 à 60 % du bénéfice d'Hydro-Québec, dépendamment du repère que l'on adopte (revente au tarif patrimonial de 2,79 cents/kWh ou revente au tarif à l'exportation de 6 à 8 cents/kWh).

On préfère le 60 %, parce que la quantité d'électricité actuellement achetée de Terre-Neuve n'est pas loin de ce qu'on exporte, et que c'est cette quantité qu'il nous faudrait couper (60% du bénéfice).

La situation est pour le moins préoccupante. On ne perdra pas 60% du bénéfice dans 30 ans. Il faudrait faire rouler des chiffriers et actualiser toutes les données en intégrant les développements projetés du Plan Nord pour avoir un portrait plus juste. Mais on perdra beaucoup.

Il faudra augmenter les tarifs d'électricité significativement pour qu'Hydro conserve sa valeur. En raison des débats sociaux qui ne manqueront pas de faire rage - on a longtemps encouragé les Québécois à se chauffer à l'électricité -, ce n'est pas chose faite. Pour éviter les ennuis, il faudra de beaucoup majorer les tarifs. En plus de l'inflation.

Il s'en trouvera pour dire qu'on pourra larguer les alumineries, leurs contrats avantageux venant aussi à échéance à ce moment. Hé, hé, si vous voulez une crise sociale et un taux de chômage explosif chez les gros salariés québécois, c'est la recette parfaite.

Que retenir ?

Quel que soit le niveau d'équité qui restera dans Hydro d'ici 30 ans, des années d'emprunts cumulés auront pour effet de l'avoir à tout le moins déjà en partie vendue. On privera donc la génération suivante d'une importante équité. On lui aura en plus poussé de lourdes charges sur la dette.

Québec devrait cesser immédiatement d'emprunter sur le bénéfice. C'est ce que ferait un bon gestionnaire. Et oui, cela veut aussi dire qu'il ne faut plus viser le déficit zéro, mais un surplus d'au moins 554 M$ pour que les finances publiques s'équilibrent. La décision est lourde de conséquence, mais c'est une question d'équité générationnelle.

francois.pouliot@transcontinental.ca

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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