Pouliot - Sans-fil: la très étonnante sortie de Pierre Karl Péladeau

Publié le 15/08/2013 à 09:35, mis à jour le 15/08/2013 à 09:35

Pouliot - Sans-fil: la très étonnante sortie de Pierre Karl Péladeau

Publié le 15/08/2013 à 09:35, mis à jour le 15/08/2013 à 09:35

Là où la sortie devient surprenante

Si sur l'attaque de l'oligopole, l'actionnaire de contrôle de Québecor a raison, il est fort étonnant de le voir se dire d'accord avec l'arrivée de plus de concurrence au pays.

On l'a déjà dit, il n'est pas clair que Verizon fasse un si bon coup financier en s'amenant au Canada. Elle devra concurrencer avec quatre joueurs (en incluant Vidéotron) qui offrent des bouquets de services (téléphone traditionnel, télé, Internet et sans-fil). Parce que le sans-fil est l'avenir, personne ne devrait normalement vouloir perdre de parts de marché. À chaque descente de prix, les opérateurs actuels devraient donc tenter de suivre, et le consommateur être porté à demeurer là où sont ses autres comptes. Il faudra donc que Verizon casse les prix très fortement si elle espère se tailler une place.

À moins que l'on ait échappé quelque chose quelque part, Verizon a en mire le Québec.

Il est vrai que le sans-fil ne compte pour l'instant que pour 7,8% des revenus de Vidéotron. Mais c'est de toute la croissance future de l'entreprise dont il est ici question.

Peut-être la concurrence s'affaiblirait-elle dans les autres services et les prix y remonteraient-ils. Telus, notamment, devrait probablement freiner ses investissements en télé. Mais c'est fort hasardeux.

Il faut vraiment que monsieur Péladeau soit confiant dans la capacité de Vidéotron à prendre des parts de marché au Québec pour souhaiter la venue de Verizon.

Là où on passe de la surprise au désaccord

En accord et surpris jusqu'à maintenant, nous voici arrivé au désaccord.

L'ancien patron de Québecor cite une étude de Wall Communication pour le CRTC où il est mentionné que le Canada affiche la quatrième facture la plus élevée des pays de l'OCDE. La seule façon de corriger la situation est à ses yeux de prendre les moyens pour favoriser l'arrivée de la concurrence.

Il y a quelques jours, on était tombé sur la même étude, mais notre attention avait surtout porté sur le forfait des téléphones intelligents (1200 minutes d'appel, dont 15% en interurbains, 300 messages textes et 1Go), puisque c'est là où s'en va l'industrie. Les chiffres sont les suivants:

1-Australie: 50$ par mois

2-France: 59$

3-Royaume-Uni: 64$

4-Canada: 94$

5-Japon: 125$

6-États-Unis: 146$

L'écart de prix entre l'Australie et le Canada, de même que celui entre le Canada et les États-Unis, ont de quoi faire douter de la méthodologie.

Plus encore cependant, l'étude vient détruire l'argument des tarifs plus faibles aux États-Unis.

Il serait étonnant qu'après s'être établie dans le marché canadien, Verizon ne soit pas tentée de revenir à ses marges bénéficiaires américaines en remontant les prix.

Dans l'intérim, l'industrie canadienne aurait cependant perdu un certain nombre d'emplois de qualité, et fait face à des baisses de rémunération (les centres d'appels de Verizon demeureraient là où ils sont, la facturation probablement aussi, etc.).

Il n'est pas sûr que 10 ans plus tard, le bien public, comme dit monsieur Péladeau, s'en porterait mieux. Le consommateur n'aurait pas nécessairement plus d'avantages, et tous les autres, employés et actionnaires, seraient vraisemblablement plus pauvres.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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