Pétrole : vers l'apocalypse


Édition du 17 Octobre 2015

Pétrole : vers l'apocalypse


Édition du 17 Octobre 2015

M. Schachter calcule que, pour que les parts de marché de l'OPEP remontent à 35-36 %, il faudrait que la production des pays non membres recule de 2,8 à 3,6 Mb/j.

En vertu d'un tel retrait, l'OPEP pourrait maintenir son niveau de production actuel (31,5 Mb/j par rapport à une cible de 30,3 Mb/j). Certains pays auraient à abaisser leur production pour accueillir celle de l'Iran et de la Libye, mais rien de très majeur puisque ces pays demeureraient à l'intérieur des paramètres de production qui leur sont attribués sur papier (et qu'ils dépassent présentement).

On est encore loin de cette cible. Le retrait de 600 000 barils aux États-Unis est un début, mais la marche doit se poursuivre, le reste de la production mondiale restant encore à être ralenti.

Comment la marche peut-elle se poursuivre ? En continuant d'inonder le marché, puisque les coûts de production des pays membres de l'OPEP sont généralement plus faibles que ceux des pays non-membres.

Les conséquences

La période qui s'étend de la fin de septembre au début de l'hiver correspond à une plus faible demande sur le marché pétrolier. La saison des vacances est terminée et celle du chauffage n'est pas encore commencée.

L'analyste calcule que l'OPEP produit actuellement de 2,6 à 3,2 Mb/j excédentaires par rapport à ce que devrait être la demande dans les deux prochains mois. Près de 200 Mb pourraient devoir être entreposés. Or, certains rapports font valoir qu'il n'y a de la place que pour 100 Mb.

Des producteurs pourraient donc devoir eux-mêmes garder des barils, et, devant la force du déséquilibre, le cours du pétrole devrait solidement glisser, particulièrement du côté du Brent.

Josef Schachter voit le baril chuter à 30 $ US, remonter à 50 $ US à l'hiver 2016 et revenir à 40 $ US au printemps, en raison d'un autre ralentissement saisonnier.

C'est à ce moment que le coup final devrait être asséné aux producteurs non membres de l'OPEP. Un nombre assez important de sociétés seront arrivées au bout de leur trésorerie et n'auront plus suffisamment de capacités financières pour produire.

Le baril de pétrole devrait alors amorcer une remontée vers des prix plus stables et probablement toucher les 70 $ US en 2016-2017.

Il est peu probable que beaucoup de nouveaux projets se financent ensuite chez les non-OPEP, investisseurs et banquiers étant alors bien conscients des risques d'un nouveau coup de force de l'OPEP.

Quoi jouer et quand jouer ?

Quoi jouer ? La maison aime quelques sociétés du secteur. Quand jouer ? Pas tout de suite, mais elle donne (voir tableau) des fourchettes de prix où elle commencerait à accumuler en vue du prochain cycle haussier.

Sur le radar

Pétrole : le cours du WTI

Le prix, en dollars américains, sur cinq ans

Source : Bloomberg

Quelques recommandations de Maison Placements Canada

Titre / Prix d'achat recommandé

Canadian Natural Resources (CNQ, 32,04 $) / 20-22 $

Cenovus Energy (CVE, 21,90 $) / 14-15 $

Imperial Oil (IMO, 45,64 $) / 32-34 $

Tourmaline Oil (TOU, 34,79 $) / 24-26 $

Precision Drilling (PD, 6,58 $) / 4,00-4,50 $

Suivez François Pouliot sur Twitter @f_pouliot

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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