Les agences aimeraient-elles vraiment la privatisation d'Hydro?

Publié le 29/04/2014 à 17:54

Les agences aimeraient-elles vraiment la privatisation d'Hydro?

Publié le 29/04/2014 à 17:54


Sauf que...

Le débat pourrait se terminer ici, mais Philippe Leblanc soulève aussi un bon point lorsqu'il indique que, dans le passé, des sociétés sorties du domaine de la couronne ont plutôt eu tendance à grimper en rentabilité. Peut-être pourrait-on n'avoir que 80-90% d'une entité, mais un 80-90% qui serait nettement plus payant que le 100% actuel.

Monsieur Leblanc cite notamment le CN, dont la restructuration a conduit à une croissance exponentielle. Il aurait aussi pu parler de Pétro-Canada.

L'argument ne résiste pas pour Hydro

Cet argument est difficilement applicable à Hydro-Québec. La difficulté est que la rentabilité d'Hydro ne doit pas qu'être mesurée uniquement à son bénéfice net.

On l'a récemment vu, la société d'État a dû revoir ses tarifs d'électricité à la baisse par rapport à une récente entente survenue avec Alcoa. Sans cette révision, le géant de l'aluminium menaçait de fermer ses usines au Québec.

Il peut se trouver dans l'avenir d'autres situations où Hydro-Québec devra choisir entre sa rentabilité et les retombées pour l'ensemble des citoyens de la province. Dans l'éventualité d'une privatisation partielle d'Hydro, les intérêts des citoyens ne seraient pas nécessairement alignés avec les intérêts des actionnaires minoritaires. Et il risquerait de survenir quelques complications juridiques et financières.

Dit autrement, Hydro pourrait peut-être en certaines situations faire plus d'argent, mais le gouvernement en faire moins au global (revenus d'impôts, de TVQ, etc.).

Cette situation semble moins vraie pour la SAQ, il est vrai. Elle n'a pas en effet le même impact de création d'emplois indirects de qualité que celui d'Hydro. On peut se demander cependant, si, en bout de piste, il ne serait pas plus facile de simplement continuer à resserrer, dans la mesure du possible, les objectifs de rentabilité des sociétés d'État.

Pour l'instant, la démonstration n'est pas faîte que la privatisation partielle des sociétés est avantageuse. C'est plutôt l'inverse, comme en fait foi le calcul de monsieur Allaire. Il est même possible que les agences de notation percevraient le geste négativement.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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