La grenouille Amaya

Offert par Les Affaires


Édition du 05 Juillet 2014

La grenouille Amaya

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Édition du 05 Juillet 2014

Sans risque, donc, cette acquisition ?

Certainement pas. La direction indique que, si l'acquisition avait eu lieu le 1er janvier 2014, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de la nouvelle société se situerait en fin d'année entre 600 M$ US et 640 M$ US. Sa dette nette, elle, devrait être d'un peu plus de 3,1 G$ US. C'est un ratio dette/BAIIA supérieur à 5.

D'ordinaire, une société avec pareil ratio est en difficulté financière. Plusieurs de celles qui y arrivent font ensuite faillite. Il n'y a donc pas trop de place pour l'erreur. L'Industrielle Alliance entrevoit des flux de trésorerie libres de 249 M$ US en 2015 (par rapport à un BAIIA de 637 M$ US). Ce n'est pas mauvais si on peut affecter le tout au remboursement de la dette, mais il serait tout de même souhaitable que la rentabilité s'accélère à l'avenir. Et ce, au cas où un imprévu réglementaire ne vienne porter un coup senti aux revenus.

Les revenus accéléreront-ils ?

On l'a vu plus haut, les prévisions de marché semblent favorables.

Ce n'est cependant pas très bien parti aux États-Unis. Les résultats du New Jersey, l'État le plus avancé, montrent des déclins mensuels sur les parties de poker.

Cela dit, Gambling Compliance s'attend à ce que huit autres États autorisent le jeu en ligne en 2014, après le New Jersey, le Delaware et le Nevada.

Impression : quelque chose nous dit qu'il y aura des délais et que le marché du jeu en ligne ne lèvera pas tellement en 2014 ni en 2015. Il faudra attendre deux ou trois ans encore.

L'évaluation généreuse peut-elle tenir ?

Le titre se négocie à environ 10,5 fois le BAIIA prévu en 2015, alors que la moyenne des sociétés du secteur se négocie à près de 8,4 fois.

C'est une bonne prime, qui pourrait vaciller, mais qui peut aussi probablement tenir, étant donné la domination d'Amaya dans le poker (deux tiers du marché) et la forte probabilité que cette domination s'étendra aux États-Unis au fur et à mesure que le jeu y sera autorisé. On notera que, toutes choses égales d'ailleurs, si le bénéfice d'Amaya progressait de 50 % sur l'horizon 2018, comme on prévoit que le fera le marché du poker, le titre devrait prendre plus de 50 % sur quatre ans (grâce au désendettement). C'est un rendement composé de 10 % par année, sans compter le potentiel des autres jeux de hasard.

Conclusion ?

Le titre est intéressant. L'investisseur qui tente sa chance devrait cependant être bien conscient que le marché américain pourrait s'ouvrir plus lentement que ne le laissent supposer les projections. La partie pourrait être longue, et, évidemment, la main n'est pas assurément gagnante.

Sur le radar

Groupe de jeux Amaya (Tor., AYA, 23,04 $)

Les recommandations des analystes qui suivent le titre d'Amaya
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Cours cible : 16,83 $

Source : Bloomberg

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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