La grande question Bombardier: à quand la rentabilité du CSeries?

Publié le 30/07/2015 à 17:45

La grande question Bombardier: à quand la rentabilité du CSeries?

Publié le 30/07/2015 à 17:45

La grande question: quand le CSeries sera-t-il rentable?

La grande question qui devrait bientôt être davantage discutée est celle de la rentabilité du CSeries. Une bonne partie des dépenses de développement ont été capitalisées et vont s'amener aux états financiers à compter de 2016. Parce que les coûts de développement ont notamment été nettement plus élevés que prévu, ça ne regarde pas bien pour la rentabilité.

On a tenté d'en savoir plus lors de l'appel conférence.

Alain Bellemare a reconnu que le CSeries allait peser sur la rentabilité à compter de 2016, mais n'a pas voulu s'avancer sur ce que serait cette rentabilité.

Bombardier est engagée dans une opération de révision de tous ses programmes et de ses postes budgétaires et veut augmenter sa rentabilité sur un horizon de trois à cinq ans. Beaucoup de choses sont sur la table: les achats, les façons de travailler, les niveaux d'inventaires, le fonds de roulement, etc. Une question a été posée sur d'éventuels nouveaux licenciements d'effectif, la réponse a été que c'était prématuré.

Sur la rentabilité du CSeries, monsieur Bellemare a parlé d'une courbe d'apprentissage qui s'étendrait sur trois à cinq ans. Cet apprentissage devrait permettre de réduire les coûts de production, notamment en modifiant des pièces et des méthodes de travail.

Il ne s'est pas avancé lorsqu'on lui a demandé combien de CSeries seraient assemblés à perte et pendant combien de temps.

Il a cependant précisé que "la courbe d'apprentissage permettrait d'atteindre l'objectif de coût de production".

À quel "objectif de coût de production" faisait-il référence? Celui du plan d'affaires initial ou un nouvel objectif avec bonne rentabilité? On ne sait trop. Si c'est celui du plan d'affaires initial, les pertes des deux prochaines années attribuables au CSeries risquent d'être très lourdes.

Il n'est pas clair non plus si M. Bellemare parlait des coûts de production avant ou après l'ajout des coûts de développement passé (qui ont été capitalisés et qui reviennent).

Même dans l'hypothèse la plus favorable, un important effort de contribution semble être nécessaire pour contrebalancer le poids qu'aura le CSeries sur la rentabilité de Bombardier en 2016 et 2017.

Il est vrai que les objectifs du plan d'amélioration de la rentabilité de Bombardier sont importants. Alain Bellemare a en outre parlé de marges bénéficiaires de 5-6% dans les avions d'affaires alors que la concurrence est à deux ou trois fois ces marges. Les avions d'affaires sont la vache à lait de la division aéronautique et simplement les doubler aurait un effet significatif sur sa rentabilité et sa valeur.

Il faudra cependant là aussi vraisemblablement quelques années pour y parvenir.

En attendant, les bénéfices de Bombardier semblent inéluctablement devoir significativement reculer en 2016 et 2017 par rapport à aujourd'hui. Le consensus voit le bénéfice par action reculer de 0,23$ US par action pour 2015, à 0,15$ US en 2016 et à 0,12$ US en 2017. À la lumière des dernières révisions de certains courtiers, les consensus 2016 et 2017 pourraient être encore trop élevés.

Combien devrait valoir Bombardier?

Difficile à dire. Les consensus sont trop incertains. Si le plan réussit, nettement plus qu'aujourd'hui dans quelques années. Il y a cependant un désert à traverser. La caravane part avec une ferme détermination, il faudra voir les résultats.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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