Forte tempête: dragon Mitch investirait-il dans sa société?

Publié le 28/07/2015 à 19:50

Forte tempête: dragon Mitch investirait-il dans sa société?

Publié le 28/07/2015 à 19:50

Une forte tempête fait actuellement tanguer les cours de Caesars Acquisition(Nasdaq, CACQ), la société publique américaine de casinos que dirige Mitch Garber. Le dragon serait-il partant pour y réinvestir?

La question nous est venue à l'esprit la semaine dernière, alors que différents échos de presse faisaient état des problèmes juridiques et financiers que traverse actuellement une autre société, Caesars Entertainment. Contrôlée en partie par le nouvel actionnaire principal du Cirque du Soleil, TPG Capital, cette entreprise n'est pas officiellement liée à la société dirigée par Mitch Garber, mais c'est tout comme.

Caesars Entertainment a de nombreux créanciers à ses trousses, et, si ceux-ci obtiennent gain de cause sur certaines allégations, l'affaire pourrait théoriquement faire en sorte que les actionnaires de la société que dirige M. Garber perdent tout.

L'affaire est d'une haute complexité, et est l'illustration du bourbier qui peut se pointer lorsque Wall Street mélange beaucoup d'ingénierie financière avec encore plus d'effet de levier (emprunt) et qu'un marché qui devait se développer (celui des casinos) décide plutôt de battre en retraite.

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Nous n'allons pas entrer dans tous les détails, histoire d'alléger le texte. Mais pour ceux qui veulent un récit détaillé, le meilleur papier est dans le magazine Fortune de juin.

Le décor

On l'a dit, c'est complexe. Il est conseillé de lire les prochains paragraphes avec le graphique qui suit.

Essentiellement, la société dirigée par Mitch Garber (Caesars Acquisition) détient une participation de 42% dans une entité du nom de Caesars Growth Partners. C'est son seul actif. Tout ce qui arrive à Caesars Growth Partners fait varier la valeur de la société dirigée par M. Garber. Caesars Growth Partners a été créée en 2008 parce que le géant du casino Caesars Entertainment était en difficultés financières.

Caesars Entertainment s'était en effet portée caution de sa principale filiale (Caesars Entertainement Operating Company), qui battait de l'aile. Histoire de la renflouer, des casinos de la filiale furent transférés à Caesars Growth Partners en contrepartie d'une somme de 2 G$US, qui servit à payer de la dette.

Jusque-là, peu de problèmes.

Malheureusement, la transaction fut insuffisante. La dette de la filiale où étaient installés la majorité des casinos demeurait trop importante par rapport aux revenus. Un autre transfert de casinos s'opéra donc vers Caesars Growth Partners (rappel: le seul actif de la société dirigée par M. Garber) à l'automne 2013, en contrepartie d'une somme de 1,8 G$US. La somme servit à payer les créanciers de premier rang pour éviter un défaut. Au même moment, cependant, la caution que fournissait Caesars Entertainment à la filiale fut effacée.

Enfer et damnation. C'est ici que s'amorça le cauchemar. Les créanciers ordinaires, qui voyaient beaucoup de garanties au moment de leurs prêts initiaux à Caesars Operations, se retrouvaient maintenant sans rien. Les mises en demeure affluèrent, puis les poursuites s'amenèrent. Remplies de termes virulents, alléguant fraude, pillage et abus. À noter que les fonds Apollo Global Management et TPG Capital, les actionnaires contrôlant Caesars Enterntainment, sont aussi d'importants actionnaires de la société dirigée par Mitch Garber, qui, on le sait, a pour seul actif le placement dans la filiale où ont été transférés les casinos. Des allégations d'iniquité des prix obtenus lors des transferts des casinos afin d'avantager ces actionnaires sont aux procédures, malgré des évaluations présumées indépendantes.

Deux poursuites sont centrales, l'une à Chicago et l'autre à New York.

Ce qui menace la société dirigée par dragon Garber

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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