Gaz naturel : le moment pourrait être venu de vendre à découvert

Publié le 29/01/2012 à 20:42, mis à jour le 30/01/2012 à 10:38

Gaz naturel : le moment pourrait être venu de vendre à découvert

Publié le 29/01/2012 à 20:42, mis à jour le 30/01/2012 à 10:38

La dernière fois que l'on a écrit sur le secteur (en octobre), le prix du gaz naturel était légèrement sous les 4 $ US le millier de pieds cubes (Kpi3). Il est aujourd'hui à 2,35 $ - 2,50 $ US et beaucoup commencent à se demander s'il n'est pas en route vers un plancher plus bas.

Aux dernières nouvelles, le niveau de gaz naturel stocké dans des sites d'entreposage était de 20 % supérieur à celui de l'an dernier et à la moyenne des cinq dernières années.

Un début d'hiver moins froid qu'en temps normal a fait reculer la demande. Il est surtout préoccupant de voir que l'offre ne faiblit guère. À moins d'un rebond inattendu de la demande, nous approchons du moment où la production devra fermer.

La question est de savoir quand cela surviendra.

Nous sommes déjà dans une situation où nombre de gazières sont dans le rouge. Même si le numéro deux du gaz naturel, Chesapeake Energy, vient d'annoncer une diminution de 8 % de sa production, des analystes estiment que le gros des réductions ne surviendra pas avant que les résultats (ceux avant la ligne d'amortissement) ne tombent également dans le rouge. Niveau névralgique : 2 $ US le Kpi3 (Henry Hub).

La maison Guggenheim croit que les prix devraient se maintenir pour quelque temps au niveau actuel. Il est aussi possible qu'ils grimpent au printemps et durant l'été.

Les difficultés pourraient cependant s'accentuer à la fin de la période de stockage, lorsque les sites atteindront leur limite de capacité.

À ce moment, une partie de la production de gaz n'aura plus d'endroit où aller et se retrouvera au marché au comptant (spot). Comme plusieurs négociants le savent, peu de choses peuvent détruire les prix plus rapidement que des ventes de détresse.

Moment appréhendé de l'impact : entre les mois d'août et octobre.

Qui jouer et quels gains anticiper ?

Ce n'est pas simple. Du moment où des réductions de production seront massivement annoncées, les prix risquent de remonter par anticipation, et il est difficile de voir comment tout cela se placera. Tous les producteurs ne perdront pas nécessairement en valeur. Et certains pourraient même gagner (s'ils se trouvent à augmenter leur production par exemple pendant que d'autres l'arrêtent).

La plupart des producteurs canadiens semblent à risque. Historiquement, lorsque des interruptions de production doivent survenir, elles se présentent en premier lieu chez les producteurs éloignés des grands centres. C'est le cas de nos producteurs. Simplement parce qu'ils ont à supporter le prix de transport du gaz, ce qui fait grimper les coûts.

La Deutsche Bank a de son côté aussi récemment tenté de jauger l'impact d'une chute des prix qui entraînerait des arrêts de production et, conséquemment, la destruction de capital. Sans dire que ce scénario surviendra, la maison estime que les titres de Southwestern Energy (SWN, 29,43 $ US), Ultra Petroleum (UPL, 23,53 $ US) et Range Resources (RRC, 54,02 $ US) sont particulièrement à risque avec des chutes à anticiper allant de 16 à 23 % dans le scénario le plus léger.

À chacun de faire ses devoirs, de jauger le risque, et de prendre ses décisions.

DANS LE DÉTAIL

Le titre sur un an

ULTRA PETROLEUM

(UPL ; 23,53 $ US)

Recommandation des analystes

Achat 5

Surperformance 3

Conserver 16

Le titre sur un an

RANGE RESSOURCES

(RRC ; 54,02 $ US)

Recommandation des analystes

Achat 8

Surperformance 9

Conserver 21

Source : Bloomberg

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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