François Pouliot: pourquoi Benjamin Graham reculerait sur l'or

Publié le 15/07/2011 à 12:00, mis à jour le 26/07/2011 à 15:53

François Pouliot: pourquoi Benjamin Graham reculerait sur l'or

Publié le 15/07/2011 à 12:00, mis à jour le 26/07/2011 à 15:53

Voici quelques éléments de réflexion tirés en partie de la pensée de l'analyste Deep Kapur, de Daiwa Capital Markets.

De gros noms vendent

Il y a toujours d'importants noms engagés dans le secteur aurifère, comme Paulson & Co, Vinik Asset Management et Scout Capital.

Une partie de ce qu'on appelle le "smart money", ou argent futé, semble toutefois douter du potentiel du métal précieux. Soros Fund Management, le fonds du légendaire George Soros, a dernièrement réduit son exposition au secteur. Eton Park Capital, un autre fonds de couverture renommé, en est sorti. Pendant ce temps, Barrick Gold a préféré le cuivre à l'or lors de sa dernière acquisition.

Le prix de l'or est en orbite

En tenant compte de l'inflation, pour la période 1972-2011, le prix réel de l'or est à 2,5 fois sa moyenne historique. Le seul moment où il a affiché un niveau plus élevé était lors de la grande bulle aurifère de la fin des années 1970 et du début des années 1980. En dollars actuels, ce sommet serait aujourd'hui de 1900 $ US l'once. Nous ne sommes plus très loin du repère et, plus on s'en approche, plus des circonstances exceptionnelles sont nécessaires pour justifier le prix.

Les circonstances sont exceptionnelles, mais...

Ces circonstances sont-elles si exceptionnelles ? Oui. Les ratios d'endettement d'un certain nombre de pays se trouvent à de dangereux niveaux, et la situation n'est pas sans faire planer des inquiétudes sur la solidité du système monétaire mondial. Les taux d'intérêt sont aussi à des niveaux historiquement très bas, ce qui est généralement favorable à l'or. Plusieurs s'y réfugient en effet par crainte d'inflation.

Au niveau actuel, il faudra cependant plus pour générer une nouvelle poussée. Or, bien que les choses aillent mal, les quatre cavaliers de l'Apocalypse ne sont quand même pas en route. Bien que des situations de défaut technique soient évoquées en Europe, on est encore très loin d'un défaut sur le capital. Des créanciers pourraient un jour avoir à prendre une perte sommaire sur leur capital investi, mais nous ne sommes pas dans une situation où il s'agit de l'ensemble de ce capital comme ce fut le cas en 2008. Quant aux États-Unis, il serait bien étonnant que le bras de fer politique conduise à un défaut.

L'or pèse lourd dans les FNB

L'or détenu par les fonds négociés en bourse (FNB) commence à peser lourdement. Avec plus de 1 200 tonnes de métal dans leurs voûtes, ils détiennent maintenant l'équivalent de près de 80 % de la production mondiale annuelle. S'il fallait qu'un événement ou un signal technique déclenche une rapide sortie des investisseurs, attachez vos tuques, la secousse pourrait être brutale. Autant ces fonds agissaient initialement comme catalyseur du prix de l'or en dynamisant le marché, autant ils risquent prochainement de devenir un frein.

Morale de l'histoire

Le secteur aurifère ne tombera vraisemblablement pas demain matin. Un investisseur pourrait cependant envisager d'alléger ses positions.

Benjamin Graham, lui, en serait depuis longtemps sorti.

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

francois.pouliot@transcontinental.ca

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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