Cirque du Soleil: va pour le siège social, mais le rayonnement?

Publié le 16/04/2015 à 12:47

Cirque du Soleil: va pour le siège social, mais le rayonnement?

Publié le 16/04/2015 à 12:47

C'est autre chose pour le rayonnement: qu'en sera-t-il?

La question qui demeure est davantage sur le rayonnement du Cirque du Soleil dans le monde. Peut-il être amplifié? Et, dans le contexte actuel, on dirait même plutôt : peut-il être maintenu?

Beaucoup de gens peuvent parler en long et en large des spectacles du Cirque. Très peu peuvent parler de son plan d’affaires, qui n’a jamais été révélé dans suffisamment de détails pour qu’on puisse en apprécier la force financière.

Le 17 janvier 2013, le Québec apprenait avec surprise que l’organisation était forcée de mettre à pied 400 employés.

On y comprenait aussi, personnellement, que le modèle d’affaires du Cirque était cassé.

Au sortir de la conférence de presse, à laquelle n’assistait malheureusement aucun des dirigeants, on était ressorti en comprenant ce qui suit.

Dans le passé, le modèle d’affaires pour beaucoup de spectacles (tous ceux de Las Vegas en tout cas) fonctionnait ainsi : le Cirque trouvait un partenaire, qui construisait à ses frais un théâtre sur mesure. Ce partenaire payait aussi une partie de la production du spectacle du Cirque. On se partageait ensuite les bénéfices de la production.

Malheureusement, avec les échecs de Zed (Japon), Zaia (Macao), Viva Elvis (Vegas) et Iris (Los Angeles), il était à ce moment devenu beaucoup plus difficile de trouver des partenaires pour investir aux mêmes conditions.

Le Cirque allait dorénavant devoir mettre plus d’argent dans les projets pour acquérir la même part de bénéfices, et faire miroiter des bénéfices plus sûrs aux partenaires.

Il ne s’agissait plus des mêmes marges de rentabilité et, surtout, les besoins en capitaux devenaient nettement plus grands. Tout comme les risques financiers.

Au printemps 2014, dans une entrevue à La Presse, Guy Laliberté a semblé en bonne partie accréditer notre lecture en indiquant que le nouveau plan de match nécessitait une levée de capital de 500 M$ pour alimenter 3 fonds d’investissements internes : un pour la production de nouveaux spectacles, un pour l’acquisition de droits de propriété et un dernier pour de l’investissement immobilier.

Les nouveaux acheteurs seront-ils prêts à mettre cet argent?

C’est probable. Autrement, leur investissement (que l’on dit être de 1,8 G$) aurait peu de sens. Les fonds n’ont pas de réelle expertise dans l’industrie. C’est une chose d’être investi dans des sociétés de spectacle, c’en est une autre de les gérer. Le prix payé est donc normalement en fonction du plan de match de la direction, et si ce plan de match réclame 500 M$ et qu’on ne les met pas, il y a un risque de dévaluation de son placement un peu plus tard.

La recette fonctionnera-t-elle pour autant?

Elle reste à mettre en application. On verra d’ici quelques années.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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