Si vous êtes un investisseur à court terme, c'est probablement ce que vous souhaitez. Les analystes spéculent autour d'une valeur de cinq milliards de dollars américains, ce qui, au net, voudrait dire un montant équivalent à 2,80 $ CA par action de Bombardier. C'est une valeur supérieure au cours actuel (2,67 $), qui pourrait théoriquement forcer le marché à accorder une valeur à la division aéronautique.
Si vous êtes un investisseur à long terme, vous êtes probablement moins enthousiaste.
Historiquement, les flux de trésorerie ont été plus stables dans la division transport, et lorsque l'aéronautique était dans un mauvais cycle, elle agissait comme un élément stabilisateur.
Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, fait en outre remarquer que le moment n'est pas optimal pour vendre la division transport.
La société vise à rehausser de 5 à 8 % la marge bénéficiaire (BAIIA) de ses activités au cours des prochaines années. On n'est pas loin d'une rentabilité qui peut doubler.
Selon lui, il ne faut pas voir non plus la menace chinoise (et celle d'autres regroupements) avec plus de force qu'elle n'en mérite.
Dans plusieurs juridictions, les Chinois devront avoir des chaînes de montage en raison de politiques locales (Buy American Act, par exemple). Il faudra donc du temps pour s'installer à l'international. Pour l'instant, CSR et CNR ne génèrent que 7 % de leurs revenus à l'extérieur de la Chine. Ces revenus (hors Chine) atteignent 2,3 G$ US, par rapport aux 9,6 G$ US de Bombardier Transport l'an dernier.
Bombardier conserve aussi plusieurs avantages. Elle est bien établie en Europe, où elle est un chef de file. C'est le marché mondial le plus important. Elle détient le portefeuille offrant le plus de solutions. Elle est le seul constructeur à avoir un joint-venture en Chine capable d'offrir des solutions complètes de train. Elle investit enfin beaucoup en R-D. Ses prix pourraient être plus élevés que ceux de ses concurrents chinois, mais, lorsque les coûts d'entretien seront pris en compte sur la durée de vie d'un projet, elle pourrait tout de même l'emporter.
Que fera l'entreprise montréalaise ?
Peut-être songera-t-on à une fusion avec Alstom ou Siemens, mais il serait étonnant que les autorités antitrusts européennes l'autorisent.
M. Doerksen évoque la possibilité de la création d'un joint-venture dans la signalisation ferroviaire. L'acquisition d'Ansaldo STS par Hitachi est survenue à 13 fois le BAIIA. C'est un multiple plus fort que les 7,5 actuellement accordés à Bombardier. Ce simple jeu de multiple permettrait de faire ressortir un peu de valeur (0,65 $ par action, selon les calculs de l'analyste).
Ça pourrait bien être ce à quoi l'initiative stratégique aboutira.