BitGold, ou comment payer ses achats en or


Édition du 13 Juin 2015

BitGold, ou comment payer ses achats en or


Édition du 13 Juin 2015

Le système peut-il fonctionner ?

On s'est longuement trituré les méninges.

Les sources de revenus de BitGold semblent résider à trois ou quatre endroits.

> Lorsqu'un client procède à un achat par carte de débit ou de crédit et que des frais de 1 % et 2 % sont facturés.

> Lorsqu'un client procède à un achat en ligne chez un marchand et paie en grammes d'or et que le commerçant verse 1 % de la valeur de la transaction.

> Lorsque des virements de fonds internationaux en or sont effectués entre détenteurs de comptes, et que des frais de 2 % s'appliquent.

> Enfin, il semble y avoir des frais (0,12-0,18 %) sur la valeur des actifs détenus, mais ce n'est pas tout à fait clair.

Pour que le système fonctionne, il faut que de l'or arrive en plus grande quantité dans les chambres fortes de BitGold. Mais surtout qu'il se promène et soit utilisé comme intermédiaire de marché pour faire des achats et des transferts.

Qui a avantage à utiliser le service ?

L'investisseur ? Peut-être. Un fonds négocié en Bourse (FNB) aurifère coûte environ 0,3 % en frais de marketing et 0,4 % en coût de fiduciaires, selon Clarus. Ces frais sont annuels, alors que le 1 % à payer en convertissant l'or dans un compte traditionnel ne survient qu'au moment du rapatriement. Si l'or est conservé plus d'une année, ça peut être intéressant.

Le consommateur ? Hum... À 1 % de frais par transaction de débit et 2 % pour celles par carte de crédit, on ne voit pas trop pourquoi le consommateur sortirait son argent des banques dont les frais de transaction sont nettement plus faibles. Peut-être pourrait-il être intéressé si les marchands adoptent le système de paiement d'or en ligne, car il n'aurait alors aucuns frais de transaction à payer. Mais les marchands doivent l'adopter, et, malgré cela, le consommateur fera toujours face au risque d'une dévaluation du métal jaune sur le marché. Or, la majorité de la population est de nature prudente.

L'expatrié ? C'est le meilleur créneau. Les transferts entre comptes aurifères à l'étranger coûtent 2 % de la valeur transférée. Ajoutons 1 % pour la conversion éventuelle en devises. Le pourcentage reste inférieur à ce que facturent plusieurs services de virements entre pays. La Western Union est souvent à plus de 8 %. Le marché est significatif : 440 G$ US ont été ainsi transférés en 2013 dans le monde, selon Clarus.

Que faire ?

BitGold a de bons appuis financiers, avec au capital Soros Brothers. Elle dit se conformer aux réglementations bancaires. Elle est assez présente dans le monde, mais n'offrira pas le service de paiement aux États-Unis, préférant attendre que la législation se précise quant à son modèle d'entreprise.

En l'absence du marché américain, avec toute l'incertitude relativement à la force des sources de revenus, et avec un aperçu plus ou moins clair des coûts d'exploitation et des investissements nécessaires, on resterait sur les lignes de côté. L'expérience sera cependant intéressante à suivre.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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