Apple dans la tourmente


Édition du 15 Août 2015

Apple dans la tourmente


Édition du 15 Août 2015

Le géant de Cupertino a une dette de 55 G$ US qu'il faut déduire. Et il lui reste 74 G$ US à dépenser en rachats d'actions et dividendes d'ici mars 2017.

Postulons qu'on ajoutera 5 G$ US de liquidités à l'encaisse à chaque trimestre d'ici cette date (il s'en ajoutera plus que cela, avec 12,5 G$ US seulement au dernier trimestre, mais on simule une imposition et de l'imprévu).

Toutes ces données mise en équation donnent les résultats suivants :

> Si l'argent détenu à l'international est imposé à 35 %, la valeur nette de l'encaisse d'Apple est de 8 $ US par action.

> S'il y avait une réduction du taux d'impôt de moitié, la valeur nette serait de 13,50 $ US par action.

Quelle est la valeur des activités ?

Gardons ces chiffres en tête et interrogeons-nous maintenant sur la valeur des bénéfices du géant de Cupertino.

Le titre se négocie actuellement à 12,6 fois le bénéfice prévu en 2015 et à 11,7 fois celui de 2016. C'est faible, si on le compare à un marché dont le multiple historique est d'environ 15 fois et qui se situe actuellement à 17,7 fois le bénéfice de 2015.

Cet escompte du titre d'Apple dure depuis plusieurs années. La taille de l'entreprise est un facteur. La crainte d'un recul des bénéfices en est un autre.

Tentons de raisonner.

Le bénéfice par action de la société de 2015 devrait être de 9,12 $ US par action. Et le consensus pour 2016 est à 9,78 $ US.

Le bénéfice de 2014 était à 6,45 $ US.

En un an, les bénéfices d'Apple auront bondi de plus de 40 % et de plus de 50 % sur l'horizon 2016.

Sachant que par souci de «standing social» ou par nécessité de conserver des achats effectués sur la plateforme Apple, une majorité d'usagers rachètera un iPhone et un iPad à un moment donné. Sachant aussi qu'il reste un marché à conquérir à l'international dans le créneau haut de gamme et qu'Apple TV en est en outre à ses balbutiements, il est probable que le niveau de bénéfice que l'on atteindra en 2015 et en 2016 sera assez solide pour au minimum se maintenir sur un horizon cinq ans, même si une faiblesse de marché se présentait pendant ce temps.

Simulons un retour en 2014. Est-il déraisonnable d'appliquer un multiple de 18 à un titre dont on peut voir les bénéfices avancer de 50 % sur deux ans, avec une probabilité importante de maintien dans l'avenir ? Le marché est actuellement à plus que cela (18,4 fois le bénéfice de 2014), avec des bénéfices qui n'avanceront assurément pas à cette vitesse.

À 18 fois le bénéfice de 2014, Apple vaut 116 $ US. On peut y ajouter l'encaisse minimale de 8 $ US par action, nous voilà à 124 $ US (130 $ s'il y a un congé fiscal de 50 %).

C'est la valeur repère fondamentale à laquelle le titre devrait à nos yeux se négocier. Bien qu'il puisse y avoir de la volatilité sur une année ou deux en fin de cycle de nouveaux iPhones.

Sans dire que le titre explosera au cours des prochaines années, il semble actuellement sous-évalué. Un nouveau gadget plus attrayant que l'Apple Watch, et le titre pourrait continuer d'offrir une création de valeur nettement supérieure à celle du marché.

Sur le radar : Apple (Nasdaq, AAPL, 119,72 $US)

Les recommandations des analystes qui suivent le titre d'Apple

12 Conserver
17
Acheter
18
Surperformance
1
Vendre

Cours cible : 147 $ US

Source : Bloomberg

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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