Mooney: Un antidote contre l'exubérance

Publié le 06/03/2013 à 09:38, mis à jour le 06/03/2013 à 10:20

Mooney: Un antidote contre l'exubérance

Publié le 06/03/2013 à 09:38, mis à jour le 06/03/2013 à 10:20

BLOGUE. Tandis que les principaux indices américains flirtent avec de nouveaux sommets, j’en ai profité pour faire un retour dans le passé.

J’ai en effet lu le rapport annuel 1999 d’un fonds américain d’actions que je suis depuis longtemps. Écrit en février 2000, on peut deviner les émotions ressenties par ces gestionnaires fondamentaux. Le marché boursier vivait une de ses périodes de folie, toujours passagères, mais combien douloureuses.

En 1999, ce fonds avait réalisé un rendement de moins 16,5% par rapport à une performance de + 21,0% pour le S&P 500 et de +27,3% pour le Dow Jones. Lorsqu’on sous-performe le marché de 37,5% pendant une année, on a l’air fou, même si tout le monde sait (ou devrait savoir) qu’on ne juge pas des gestionnaires sur une aussi courte période.

En fait, ces investisseurs sont parmi les meilleurs au monde. Si j’avais à choisir un gestionnaire pour mon capital, ce fonds serait mon choix aux États-Unis (j’ai déjà mentionné mon choix au Canada).

Malgré leur compétence et leur feuille de route exceptionnelle à long terme, les dirigeants du fonds écrivaient :

«À la lumière de nos résultats récents, nous avons dû poser un regard critique sur nous et notre approche de placement et nous demander si on devait faire les choses différemment».

Avec le recul, une telle réaction est incroyable. Mais elle traduit la pression extraordinaire qui s’exerce dans ce milieu et qui peut influencer tout le monde.

Une grande partie de leur mauvaise performance en 1999 s’expliquait par la baisse de deux titres, dont celui de Berkshire Hathaway. Ce titre, qui représentait 28% du fonds, a triplé depuis!

Le message se poursuit alors que les dirigeants mentionnent que plusieurs clients ont écrit pour faire part de leur frustration parce que le fonds n’avait pas de titres de technologie. Et ils prennent le temps de réexpliquer pourquoi.

Les gestionnaires terminent en mentionnant que peu importe le comportement de la Bourse, les sociétés en portefeuille dans l’ensemble procureront des rendements d’au moins 10% par année pendant de nombreuses années.

Revivre ces années difficiles est un antidote contre l’exubérance et l’arrogance, des réactions naturelles, mais destructrices dans un contexte boursier favorable. En 2000, plusieurs grands investisseurs se demandaient s’ils l’avaient perdu ou s’ils étaient devenus stupides. À l’opposé, lorsque les rendements sont élevés, les investisseurs peuvent voire le génie lorsqu’ils se regardent dans le miroir.

Il est important de se rappeler que les deux sont faux.

Bernard Mooney

 

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