Mooney: Ne touchez pas à BlackBerry

Publié le 23/09/2013 à 09:36, mis à jour le 23/09/2013 à 10:17

Mooney: Ne touchez pas à BlackBerry

Publié le 23/09/2013 à 09:36, mis à jour le 23/09/2013 à 10:17

Thorsten Heins, président et chef de la direction de la société de Waterloo. Photo: Bloomberg

BLOGUE. La baisse du titre du fabricant de téléphones intelligents BlackBerry provoque la convoitise chez plusieurs investisseurs, mais la prudence est de mise.

«Il me semble qu’on est près du creux», m’écrit un lecteur, tandis qu’un autre me mentionne que le titre devient une «spéculation intelligente».

La société a annoncé vendredi que les résultats de son trimestre terminé à la fin d’août seraient inférieurs aux attentes. En fait, les résultats sont carrément désastreux!

Les revenus seront 50% inférieurs aux attentes et en baisse de 44% par rapport au trimestre correspondant de 2012. De plus, la direction a annoncé une charge d’environ un milliard de dollars (G$) US et 4 500 mises à pied, soit 40% de ses employés.

Lisez aussi Sur LesAffaires.com cette semaine où on traite de BlackBerry et les titres à surveiller de François Pouliot

BlackBerry a de plus annoncé qu’elle quittait le marché du téléphone pour le grand public, pour se concentrer sur le marché des entreprises, sa force originale.

C’est une bonne nouvelle, car la société a été carrément évincée du marché des consommateurs par la domination de Samsung et Apple. Reste à voir maintenant si c’est trop tard.

En effet, il y a quelques années (ses belles années), BlackBerry dominait le marché des entreprises, en raison entre autres de son avantage compétitif relié à la sécurité supérieure de son système d’exploitation. Sauf qu’Apple, pour ne nommer qu’elle, a réalisé des percées majeures dans ce lucratif marché.

Les problèmes bien publicisés de la société canadienne n’aideront pas ses ambitions.

Creux ultime

Maintenant, aux investisseurs qui voient dans le titre de BlackBerry une «belle spéculation», entre autres parce que le titre ne peut pas être plus battu, je répondrai que vous auriez pu penser la même chose avant son annonce de vendredi. Pourtant, cela n’a pas empêché le titre de perdre un autre 17% (il a fondu de plus de 80% depuis quatre ans).

Autrement dit, il est impossible de déterminer à l’avance si BlackBerry a atteint son creux ultime. Une société qui n’est pas rentable n’a pas vraiment de fond! Si vous répondez qu’elle a un beau bilan avec plein d’encaisse, vous avez raison. Elle a environ 5$US par action en encaisse, sauf que ce montant diminue de trimestre en trimestre. Et j’ai déjà vu bien des titres technos se vendre moins cher que leur encaisse. Alors, même de ce côté, il y a encore un risque de baisse.

Le spéculateur peut apprécier le fait qu’il y a un catalyseur en marche. En effet, le conseil d’administration a annoncé qu’elle cherchait un acheteur pour la société. C’est une réalité qui peut faire en sorte que le titre s’apprécie à un certain moment.

Toutefois, il ne faut pas pousser la naiveté trop loin. Je veux dire qu’aucun acheteur privé ne paiera le «gros prix» pour une société menacée d’extinction. La vie capitaliste est un peu plus compliquée!

C’est le pire moment pour tenter de vendre une entreprise, on en convient tous.

Enfin, il est vrai également que le célèbre investisseur Prem Watsa a fait de BlackBerry son principal titre en portefeuille et qu’il a payé un prix moyen deux fois plus élevé que son cours actuel. M. Watsa s’est retiré du conseil parce qu’il tente de former un consortium pour privatiser la société. Encore là, c’est une erreur de penser que ce consortium, s’il présente une offre, vous fera un cadeau.

J’ai beaucoup de respect pour Prem Watsa, mais comme je l’ai déjà écrit, en misant une fortune sur BlackBerry, il sortait de son cercle de compétence.

Pour toutes ces raisons, je ne crois pas que le titre soit un achat. Au contraire, je vous conseille de l’éviter à une exception. Si vous êtes capable d’estimer la valeur intangible de ses brevets et de sa position dans le marché de l’entreprise et que cette valeur est nettement supérieure au cours actuel, alors allez-y.

Ce n’est pas mon cas, ni celui de 99% des lecteurs de ce billet!

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.