Mooney: J'ai le goût d'acheter des actions de Twitter

Publié le 10/11/2013 à 20:17, mis à jour le 11/11/2013 à 07:18

Mooney: J'ai le goût d'acheter des actions de Twitter

Publié le 10/11/2013 à 20:17, mis à jour le 11/11/2013 à 07:18

Photo: Bloomberg

BLOGUE. La venue en Bourse de Twitter (NY, TWTR) a fait du bruit. Non seulement le titre a explosé dès les premières transactions sur le parquet, mais tout le monde financier se permet de donner son opinion.

Et à écouter la grande, oui mais la très grande majorité des experts, chroniqueurs, conseillers, et tous ceux qu’on pourrait appeler les bavardeurs boursiers, le titre est très évidemment surévalué. Plus, bien des gens craignent une bulle semblable à celle qui a eu lieu en 2000 et d’autres y voient une preuve que le marché haussier tire à sa fin.

Et la fin du monde est prévue à 19h!

S’il était aussi facile de prédire, tout le monde serait très riche.

Twitter a conclu son premier appel public à l’épargne (PAPE) en émettant 70 millions d’actions à 26$US l’action pour 1,8 milliard de dollars (G$). Dire que ce PAPE est un succès est loin de la vérité.

La demande des investisseurs a surpassé l’offre par un facteur de 30, ce qui explique que le prix d’émission ait été supérieur à la fourchette publiée, soit de 23$ à 25$US. Même ici au Québec, tous les courtiers escompteurs, au fait de la vague, ont averti leurs clients qu’il serait difficile d’acheter l’action à l’ouverture à un cours proche du prix de l’émission.

Et comment : la première transaction s’est faite à 45,10$US. Le titre a terminé sa première séance, jeudi 7 novembre, à 44,90$US (il a perdu 3,25$US ou 7% pour clore la semaine à 41,65$US).

Jeudi, 177 millions d’actions de Twitter ont changé de mains et un autre 27 millions le lendemain.

Ma question est simple : avez-vous acheté des actions de Twitter? Si vous posez la question autour de vous, tout le monde vous dira non. Bien des gens ajouteront, en ayant l’air de savoir ce qu’ils disent : «bien sûr que non, ça n’a pas de bon sens».

En effet, tout le monde semble convaincu que Twitter est nettement, vraiment très nettement surévalué. Au point que je me demande qu peut bien acheter si tout le monde pense que le titre est trop cher….

Je ne veux pas exagéré, mais le tapage entourant Twitter est suffisant pour me tenter d’acheter le titre, histoire de faire le contraire de tous ces bien-pensants.

Si je dis cela, ce n’est pas parce que j’ai vraiment l’intention d’acheter ce titre. C’est que je constate que bien des gens lancent des conclusions hâtives, ne sachant pas vraiment de quoi ils parlent.

Je me rappelle en 1986 avoir écrit, étant tout jeune journaliste financier qu’un titre nouvellement émis était nettement surévalué et que cela était si évident que cela crevait les yeux. Le titre en question était à plus de 30 fois les bénéfices, si mon souvenir est correct et disons qu’il m’a fait mentir un peu.

En effet, je parle de Microsoft, titre qui a aussi été considéré comme étant «nettement surévalué» à ses premiers pas boursiers. En passant, le titre a été émis, en tenant compte des fractionnements, à quelque chose comme 0,10$US l’action et il devrait se transiger à environ 0,13$ ou 0,14$US lorsque le petit génie Bernard Mooney l’a déclaré trop cher!

On connaît la suite, Microsoft multipliant sa valeur par plusieurs centaines de fois jusqu’à son sommet en 1999. Avec le recul, on peut dire qu’à 30 fois, même 40 fois ses bénéfices, Microsoft était une aubaine extraordinaire, pour qui avait une idée de ses perspectives.

Je ne veux pas dire que Twitter aura un succès similaire. J’en ai aucune idée. C’est d’ailleurs justement mon point : lorsqu’on ne peut évaluer une société, on passe à une autre. Ce qui est mon cas si vous me parlez de Twitter. Dès que j’avoue cela (et bien nombreux sont-ils à se prononcer qui devraient m’imiter), il devient insensé de brailler sur l’évaluation du titre ou sa performance en Bourse.

Bernard Mooney

P.S. Twitter, signe de sommet? Signe que les marchés vont mieux certes, mais pas plus. BM

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.