Mooney - La moyenne d'achat n'a rien de magique

Publié le 12/06/2013 à 09:27, mis à jour le 12/06/2013 à 12:27

Mooney - La moyenne d'achat n'a rien de magique

Publié le 12/06/2013 à 09:27, mis à jour le 12/06/2013 à 12:27

Pendant la crise, l'encaisse a surpassé le S&P 500, mais historiquement, c'est l'inverse qui s'est produit. Photo: Bloomberg

BLOGUE. Au premier coup d’oeil, investir en faisant une moyenne d’achat dans le temps (ce qu’on appelle «dollar-cost averaging» en anglais) semble brillant. Mais ce n’est pas vraiment le cas.

Tout ce que fait cette méthode de placement c’est de faire en sorte que vous prenez le risque plus tard. Et il y a un coût à cela.

Prenez l’exemple de la personne qui se retrouve avec un million de dollars à investir (ce peut-être aussi une caisse de retraite qui vient de recevoir un bon montant à placer). Si elle est comme bien des gens, elle aura peur de tout investir son argent immédiatement, peur que la Bourse dégringole dans les jours qui suivent.

Elle a peur de se retrouver à ce moment avec une perte sur papier et le sentiment du «j’aurais dû attendre».

Bien des conseillers et experts lui recommanderont d’échelonner ses achats dans le temps, sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Si les cours baissent, la personne achètera à plus faible prix et l’inverse si les cours montent.

Selon une étude faite par Vanguard en utilisant les données historiques américaines, britanniques et australiennes, investir tout d’un coup a été plus payant 66% du temps par rapport à l’approche de la moyenne d’achat. C’est vrai pour un portefeuille investi à 100% en actions et également pour des portefeuilles avec différentes répartitions en actions et en obligations. C’est même vrai si on ajuste les rendements pour tenir compte du risque plus élevé des actions par rapport à l’encaisse.

Les calculs ont été faits sur des périodes mobiles de 10 ans, en commençant en janvier 1926 jusqu’à décembre 2011. L’étude comprend donc le krach de 1929 et tous les marchés baissiers modernes.

Si cela vous surprend, c’est que vous oubliez que historiquement l’encaisse a été le pire actif. Or, attendre avant d’investir, c’est prendre la décision de conserver le capital en encaisse, le pire actif.

Je sais que pour plusieurs, détenir de l’encaisse est rassurant, mais cela ne rend pas cette décision rationnelle.

Par ailleurs, la popularité de l’approche de la moyenne d’achat s’explique en grande partie par cette manie qu’ont les gens de vouloir «timer», jouer au plus fin avec la Bourse. Même le plus parfait néophyte a tendance à se croire capable de prédire la prochaine correction. Des fortunes colossales ont ainsi été perdues.

La réalité, c’est que si vous avez déterminé que ce capital doit être investi en actions, c’est aujourd’hui que vous devriez passer à l’action. Remettre à demain ou plus tard, c’est spéculer.

Bernard Mooney

P.S. Je vous invite à lire ma chronique intitulée «Quand le cash n’est pas roi» dans la prochaine édition du journal Les Affaires. BM

 

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