Marchés émergents: l'histoire se répète

Publié le 03/02/2014 à 09:04

Marchés émergents: l'histoire se répète

Publié le 03/02/2014 à 09:04

De l’Argentine à la Turquie en passant par la Thailande, l’Ukraine et la Chine, les pays émergents provoquent des soubresauts qui ébranlent les investisseurs partout sur la planète. Avec la mondialisation grandissante, l’univers financier est plus petit que jamais et plus relié aussi.

Toutefois, c’est une erreur de penser qu’il y a là un phénomène nouveau. En effet, nous n’en sommes pas à une première crise en provenance des marchés émergents. Par exemple, en 1997, la dévaluation du baht thailandais a poussé toute l’Asie dans une crise qui a fait trébucher les principaux indices boursiers. Quelques années auparavant, la dévaluation du peso mexicain avait aussi donné des frissons.

Récemment, l’Argentine a laissé tomber sa devise et la Turquie a plus que doublé ses taux d’intérêt pour protéger la sienne et tenter d’attirer les capitaux (ou du moins de calmer les sorties de fonds du pays).

Si cela vous paraît complexe ou un peu difficile à comprendre, vous n’êtes pas seul. Pour saisir les problèmes actuels, il faut reculer dans le temps. Les interventions musclées des pays industrialisés depuis la crise financière de 2008 ont fait baisser radicalement les taux d’intérêt. Or, lorsqu’on vous offre moins de 1% sur des titres à revenu fixe aux États-Unis ou au Canada, les rendements plus élevés des titres de pays comme la Turquie, l’Indonésie et autres pays émergents deviennent attrayants.

De plus, étant donné que la crise financière avait comme épicentre les États-Unis et l’Europe, il y avait la perception d’une relative sécurité provenant de ces marchés. Dans le cycle précédent, ils avaient très bien performé, avec la Chine comme moteur. Enfin, tous les investisseurs sont convaincus de leur potentiel à très long terme (quand ça va bien, on parle tellement facilement du long terme…).

Il y a donc eu une grande quantité de capital dirigée vers les pays émergents, pour de bonnes et de moins bonnes raisons.

La première fissure des pays émergents

La première fissure dans l’édifice des marchés émergents est apparue l’an dernier lorsque la Réserve fédérale a fait savoir qu’elle se préparait à être moins généreuse quant à ses politiques d’accommodation monétaire. Oups. Pour les investisseurs internationaux, c’était le premier signal qu’il fallait se préparer à réduire ses placements dans les marchés émergents.

Depuis, ils sont portés à vendre leurs obligations émergentes à la moindre mauvaise nouvelle. Les plus récentes données économiques en Chine ont mis de l’huile sur ce feux.

Si cela vous semble abstrait, ça l’est moins pour des pays comme l’Indonésie, l’Inde et la Turquie qui doivent compter sur les investisseurs étrangers pour les aider à financer les déficits de leur compte courant. L’impact est double : leurs taux montent et leur devise dégringole. L’impact sur ces économies peut être majeur.

Avant de paniquer, il faut rappeler que comparer à 1997 (ou 1994), la situation économique et financière de la plupart des pays émergents est bien meilleure. La Chine, pour ne nommer que ce pays, malgré une économie qui ralentit, a une situation financière éclatante. À lire: Chine: la production manufacturière à son plus bas en six mois

Qu’est-ce que cela veut dire pour l’investisseur boursier que vous êtes? D’abord, il est inutile de spéculer sur le quand et le comment des événements futurs. Il est préférable d’avoir une attitude opportuniste. En effet, à court terme, la volatilité accrue peut rendre encore plus intéressants bien des titres qui sont déjà attrayants.

De plus, il est probable que les marchés des pays émergents seront, pendant un certain temps, sur le banc des punitions dans la tête des investisseurs institutionnels. Ces derniers pendant ce temps favoriseront les marchés des pays industrialisés, en commençant par celui des États-Unis. Pourquoi? Parce qu’il est vu comme plus stable et plus liquide et, a mieux performé récemment (cinq dernières années).

Aussi, bien des institutions qui voudront augmenter leur pondération en actions, chercheront à le faire de façon prudente. Ce qui dans le jargon de leurs consultants signifie de favoriser plus que jamais les «blue chips». Ces derniers pourraient donc dominer dans les deux prochaines années.

Bernard Mooney

 

 

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