Le paradoxe de la situation financière des sociétés américaines


Édition du 20 Septembre 2014

Le paradoxe de la situation financière des sociétés américaines


Édition du 20 Septembre 2014

Cela explique l'explosion des programmes de rachats d'actions depuis 2009. Encore une fois, en théorie, les entreprises pourraient utiliser au moins une partie de leur encaisse, qui ne rapporte presque rien, pour racheter de leurs actions. C'est là qu'entre en jeu le deuxième facteur : l'argent qui dort à l'étranger.

Il faut savoir qu'une très grande partie de l'encaisse des sociétés américaines se retrouve à l'extérieur de ce pays.

Moody's estime que près de 60 % des liquidités totales sont conservées à l'étranger. Néanmoins, ramener cet argent aux États-Unis coûterait très cher, soit environ 35 %, le taux fédéral d'imposition des entreprises.

Prenez l'exemple de Honeywell (NY, HON, 94,13 $ US). Elle a environ 13,5 G$ US à l'extérieur des États-Unis, ce qui représente les bénéfices réalisés non rapatriés. Selon Tom Szlosek, son chef des finances, la société terminera l'exercice 2014 avec un niveau aussi élevé de dette que d'encaisse, situation qu'il considère lui-même curieuse pour une société industrielle. «Lorsque vous fouillez, vous vous rendez compte que presque toute notre dette est aux États-Unis et toute notre encaisse à l'étranger», a-t-il dit au Wall Street Journal. Et ce n'est qu'un exemple. IBM (NY, IBM, 191,08 $ US) compte probablement parmi les championnes de cette stratégie. Elle a une encaisse de 52 G$ US à l'étranger par rapport à une dette de près de 40 G$ US.

Résultat : les sociétés ont maintenant un endettement record en même temps qu'une encaisse à un sommet. Après avoir émis pour 223 G$ US de dettes au premier trimestre de 2014, les sociétés non financières ont maintenant un endettement total de 9 600 G$ US. Cela se compare à 6 500 G$ US au début de 2007.

Au 31 mars, la dette des entreprises américaines se situait à un niveau jamais vu depuis au moins 1955, à la fois sur une base absolue et par rapport à la taille de l'économie américaine. Elle représentait ainsi 57 % du PIB à la fin du trimestre. C'est le sixième trimestre record consécutif.

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