Le grand mystère obligataire

Publié le 10/07/2012 à 12:46

Le grand mystère obligataire

Publié le 10/07/2012 à 12:46

BLOGUE. Il est grand le mystère de la foi... il est encore plus grand le mystère des obligations.

Hier, les médias ont rapporté que la France avait emprunté pour la première fois de son histoire à des taux négatifs, soit 3,9 milliards d’euros à un taux de -0,005% pour des titres venant à échéance le 11 octobre.

Quel grand mystère en effet que ce comportement où, à coup de milliards, on confie de l’argent à des gouvernements surendettés, non seulement pour un rendement minime, mais dans ce cas négatif! Dans le cas de la France, il y a la curiosité additionnelle qu’il s’agit d’un nouveau gouvernement socialiste (traduction personnelle: plus socialiste qu’avant).

Aux États-Unis, les investisseurs confient des milliards (des billions en fait) au gouvernement pour 10 ans et se contentent de 1,5% par année. Grande ironie: la majeure partie de ces investisseurs le font, au moins en partie, par peur du marché boursier, peur justifiée par le lourd endettement du gouvernement américain. C’est à peu près comme si on voulait punir un jeune coupable d’avoir conduit en état d’ébriété en lui donnant des dizaines de caisses de 24 bières tout en lui laissant les clés de toutes les autos qu’il veut!

Cette tendance obligataire a pris de telles proportions que plusieurs parlent de bulle. C’est le cas par exemple de mon bon ami François Rochon, gestionnaire et président de Giverny Capital. Dans sa chronique d’aujourd’hui, publiée dans le quotidien The Gazette, il écrit:

«L’évaluation des obligations est si élevée qu’on peut parler de bulle. » Je ne sais pas si on peut parler de bulle, mais ses chiffres sont éloquents.

Il explique qu’historiquement, les obligations de 10 ans procuré des rendements de 4-5% avec un taux d’inflation en moyenne de 3%. «Si les taux d’intérêt grimpaient rapidement à 5%, les obligations de 10 ans perdraient près de 30% de leur valeur.»

De plus, celui qui achète une obligation de 10 ans avec le rendement actuel oublie que si l’inflation est en moyenne de 3% par année pendant les 10 prochaines années, son rendement réel sera négatif, soit -1,45%.

La mathématique froide nous informe qu’il ne fait aucun sens d’acheter des obligations. Pourtant, c’est l’actif le plus populaire. C’est ce qui me pousse à parler du «grand mystère obligataire».

Comment cela se terminera-t-il? Oups, voilà qui est beaucoup moins mystérieux et plus facile à prédire. Il se perdra des milliards, voire des billions de dollars dans le marché obligataire dans les prochaines années (une partie de façon moins visible par le biais de la perte de pouvoir d’achat). Ça c’est certain!

Bernard Mooney

 

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