De plus en plus pareils

Publié le 13/12/2011 à 11:53

De plus en plus pareils

Publié le 13/12/2011 à 11:53

Blogue. L’acheteur d’un fonds commun d’actions accepte de payer des frais annuels de plus de 2% dans l’espoir d’avoir un rendement plus élevé que le marché boursier dans son ensemble. C’est le concept fondamental derrière la gestion active.

Sinon, pourquoi se casser la tête alors qu’il peut simplement acheter un fonds négocié en Bourse et obtenir le rendement de l’indice à peu de frais?

Sauf que les gestionnaires professionnels sont pris dans un douloureux dilemme. Ils savent bien (ce sont des gens très intelligents) que battre le marché (soit réaliser des rendements supérieurs aux indices année après année) est très difficile (ici, je suis généreux; c’est plus que difficile; pour la plupart c’est presque impossible).

Ils savent de plus que si leurs rendements s’éloignent de ceux des indices pour une certaine période de temps, le prix à payer peut être très élevé. Jusqu’à perdre leur emploi.

Alors, ils ont tendance à prendre une attitude mitoyenne, à savoir de calquer leur indice de référence (celui avec lequel ils sont comparés), à quelques différences près. Ainsi, lorsqu’ils ont une certaine conviction face à un titre ou à un secteur particulier, ils le surponderont (dans le jargon cela signifie avoir une participation dans ce titre/secteur plus élevé que dans l’indice).

Par exemple, si le secteur financier représente 20% de l’indice et qu’ils sont confiants que ce secteur fera bien, leur portefeuille en aura pour 22 ou 23%.

Il semblerait que cette tendance a pris de l’ampleur depuis les dernières années. Le stratège en chef de Legg Mason Capital Management, Michael J. Mauboussin, expliquait que la partie active des portefeuilles ne cesse de diminuer.

Ce concept de «partie active» mesure la différence entre le portefeuille et son indice de référence. Par exemple, un fonds négocié en Bourse aura une partie active de zéro dans le sens qu’il est à 100% semblable à l’indice. Un portefeuille qui une partie active de 100% est complètement différent. Donc, plus le chiffre est élevé, plus le portefeuille est différent de l’indice.

Or, cette partie active dans l’ensemble de l’industrie américaine ne cesse de baisser. Dans les années 1980, elle était de 75%, selon M. Mauboussin. Maintenant, elle serait sous 60%.

Ce qui veut dire que les portefeuilles dits actifs ressemblent de plus en plus aux indices.

On parle des fonds américains, mais je suis pas mal convaincu que ce phénomène s’applique également à l’industrie canadienne.

La conséquence pratique de cette attitude c’est qu’il devient presque impossible de faire mieux que les indices. Et que les portefeuilles des fonds d’actions ont tendance à tous se ressembler. Faites l’exercice et comparez les portefeuilles des principaux fonds d’actions canadiennes. Vous verrez le peu de différence. En fait, on dirait tous des petits frères jumeaux.

Dans ce sens, on peut se demander si les clients en ont pour leur argent…

Bernard Mooney

 

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