Une trentaine d'entrepreneurs s'unissent pour relancer Venise-en-Québec

Publié le 08/06/2013 à 00:00, mis à jour le 10/06/2013 à 14:23

Une trentaine d'entrepreneurs s'unissent pour relancer Venise-en-Québec

Publié le 08/06/2013 à 00:00, mis à jour le 10/06/2013 à 14:23

Plombier, restaurateur, designer, constructeur et épicier, une trentaine d'entrepreneurs de Venise-en-Québec ont uni leurs forces pour remettre leur municipalité sur l'échiquier touristique du Québec. Ensemble, ils ont participé à la construction de l'Auberge du lac Champlain, un investissement de 6 millions de dollars, qui vient d'ouvrir ses portes sur les rives de la baie Missisquoi, à 45 minutes de Montréal.

Pierre Parent, président de ResortOne, une entreprise spécialisée en hôtellerie qui possède l'hôtel Le Crystal à Montréal, est l'instigateur de ce projet.

Propriétaire depuis 2000 d'une résidence sur les rives du lac Champlain, plan d'eau que se partagent le Canada et les États-Unis, il adorait ce coin de la Montérégie, mais n'aimait pas ce qu'était devenue Venise-en-Québec, ville de 1 500 habitants. «Chaque fois que j'allais à l'épicerie, j'étais découragé par l'état de délabrement des lieux», souligne-t-il. Pourtant, cette ville était jadis une destination vacances très prisée.

Effort collectif

En 2006, il fait part à des entrepreneurs du coin de son désir de miser sur le tourisme pour relancer l'économie locale. Pierre Parent convainc alors 33 résidents d'injecter 5 000 $ dans une société sans but lucratif - le Réseau des développeurs du lac Champlain - pour doter la ville d'infrastructures nécessaires à sa revitalisation.

Première étape : la construction d'une bande cyclable sur la route 202, porte d'entrée vers le centre-ville de Venise-en-Québec.

«C'était la première fois que le ministère des Transports voyait des citoyens s'impliquer dans l'achat d'asphalte pour une route provinciale !» raconte Michel Frégeau, développeur de projets résidentiels et partenaire dans la construction de l'Auberge du lac Champlain.

La société sans but lucratif achète aussi des supports à vélo, des bancs de parc et de l'équipement nautique non motorisé pour une entreprise de location. «Ces initiatives ont créé un vent d'optimisme dans la région», dit M. Parent.Une vingtaine d'investisseurs établissent ensuite une société à but lucratif cette fois, nommée les Croisières du lac Champlain, qui démarre son exploitation tout de suite après les inondations du printemps 2011. Paradoxalement, cette catastrophe naturelle aura des répercussions positives. De nombreuses bicoques bordant le lac Champlain ne résisteront pas aux assauts de Dame Nature. «Il y a eu un nettoyage des rives», explique Jacinthe Tourchot, propriétaire de l'épicerie Marché Richelieu et partenaire dans ce projet touristique.

Déjà mobilisés, les entrepreneurs passent une nouvelle fois à l'offensive. Cette fois-ci, ils achètent les propriétés riveraines sinistrées à l'automne 2011. Un an plus tard, l'équipe célèbre le début de la construction de l'Auberge du lac Champlain. L'établissement de style Nouvelle-Angleterre vient d'ouvrir ses portes. Il compte 34 chambres, un spa, une piscine extérieure ainsi qu'un restaurant avec vue sur le lac. Une marina suivra sous peu.

Les investisseurs viennent aussi d'acquérir un bateau de croisière plus spacieux, de 170 places, en vue de la prochaine saison estivale.

L'économie régionale avant tout

Venise-sur-le-lac, l'entreprise qui a succédé à Croisières du lac Champlain, chapeaute les croisières et l'hôtel. Ses 30 actionnaires forment une équipe 100 % locale. En plus de celui qui la dirige, Pierre Parent, on y trouve des gens de divers horizons : des retraités fortunés comme Roger Aumont, fondateur de Club Piscine et résident du coin, une jeune designer, Kim Trudeau, un plombier de métier, René Jr Baertschi, des pépiniéristes, Irène Beaulac et Normand Bernier, un propriétaire d'une entreprise d'excavation, Jacques Gagné, et ainsi de suite. L'implication des investisseurs n'est pas que monétaire. Plusieurs d'entre eux y consacrent aussi du temps, beaucoup de temps.

Tous les actionnaires souhaitent évidemment obtenir un rendement de leur investissement, mais ce n'est pas leur principale source de motivation. «Ce qui me tient à coeur, c'est le développement de ma région», affirme Isabelle Charlebois, qui s'occupe aussi de la restauration à l'auberge ainsi que sur le bateau de croisière.

Même son de cloche de la part de Michel Frégeau, vice-président de Venise-sur-le-lac. «Pour moi, Venise-sur-le-lac est le symbole d'une communauté qui se prend en main, sans demander aucune subvention», dit-il.

Un projet collectif qui pourrait servir de modèle de développement économique ailleurs au Québec.

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