Pour que la créativité nous fasse oublier les nids-de-poule

Publié le 01/06/2013 à 00:00, mis à jour le 30/05/2013 à 09:50

Pour que la créativité nous fasse oublier les nids-de-poule

Publié le 01/06/2013 à 00:00, mis à jour le 30/05/2013 à 09:50

C'était un antidote de rêve dans cette période où la grisaille est souvent le lot des Montréalais.

La deuxième édition de l'événement à portée internationale C2-MTL, qui s'est tenue la semaine dernière, a de nouveau permis de mettre en évidence l'extraordinaire impact que peuvent avoir l'innovation et la créativité sur l'économie, telle qu'elle se vit au jour le jour. Des espadrilles aux cosmétiques, des chandails de football aux supermarchés, tout, ou presque, peut être renouvelé quand on y met du génie créatif. Les entrepreneurs vedettes qui garnissaient la programmation de cette année l'ont éloquemment démontré.

Ces temps-ci, Montréal fait souvent les manchettes pour les mauvaises raisons. La ville n'a pas le moral. Comment voudriez-vous faire autrement, sur fond de commission Charbonneau, de suspicion et de nids-de-poule... De là l'intérêt stratégique de se faire dire qu'on peut réinventer le monde à coup de vision et d'audace. Et même que l'échec, temporaire, fait partie de l'équation.

«Il ne peut y avoir de véritable créativité sans risque d'échec total», a dit Andy Nulman, président de Just For Laughs, lors d'une présentation particulièrement déjantée. Le Britannique Richard Branson pouvait en témoigner, lui qui est venu conclure l'événement en parlant de ses nouvelles aventures galactiques, et en rappelant que des hélicoptères sont venus le rescaper dans l'océan à quelques reprises alors qu'il tentait de battre des records en montgolfière. Ce milliardaire est tout de même perçu comme étant l'un des entrepreneurs les plus innovateurs de la planète.

C2-MTL a donc bien rempli son mandat. Les milliers de personnes qui avaient payé le prix fort pour participer à cet impressionnant happening en sont sorties énergisées. Fort bien. Mais il faudra maintenant trouver une façon de porter le ballon plus loin, pour éviter que le happening ne soit finalement... qu'un happening.

Troquer l'audace contre l'immobilisme

C'est bien beau de jaser de créativité appliquée, d'évoquer les réalisations remarquables issues du Québec ; dans les faits, notre société arrive difficilement à s'en inspirer. Autrement, nous serions riches, alors qu'en réalité, nous vivons collectivement d'expédients. Le Québec rêve d'audace, mais choisit trop souvent l'immobilisme.

C'est le premier défi qui attend les futures éditions de C2-MTL. Trouver une manière de travailler à ce que les bottines suivent les babines, ou walk the talk, comme disent les anglophones. Ce serait un formidable accomplissement. On répondra que c'est beaucoup demander à une organisation qui se démène pour faire un succès d'un événement concentré sur trois jours, mais il convient d'y réfléchir. D'autres pourraient prendre la relève.

Sinon, l'enthousiasme contagieux qui règne pendant C2-MTL risque de se transformer en frustration. C'est comme de voir la Terre promise, au loin, mais ne jamais pouvoir l'atteindre. Si on est sérieux dans ce projet de faire de Montréal une ville qui carbure à la créativité, il faudra commencer quelque part. Pourquoi ne pas bâtir sur l'impulsion donnée par ces trois journées ?

L'autre défi est plus embêtant, car il touche à l'identité même de l'événement. Deux partenaires sont à l'origine de C2-MTL : le Cirque du Soleil et l'agence Sid Lee, deux archétypes de la créativité à la québécoise. L'influence du Cirque se fait sentir dans la programmation, du fait de l'exceptionnel réseau de relations de Guy Laliberté. Richard Branson, cette année, c'était probablement grâce à lui. Phillipe Starck aussi, tout comme ce le sera l'an prochain avec James Cameron.

Les gens de Sid Lee, eux, sont très présents en ce qui a trait au format de l'événement. Peut-être trop. C2-MTL est devenu une sorte de vitrine. Leur vitrine. Leurs partenaires, leurs amis sont en évidence. Ce serait normal dans le cadre d'un événement d'entreprise. Mais C2-MTL se veut inclusif. Il témoigne d'un état d'esprit qu'on voudrait voir se répandre comme des ronds dans l'eau. Au-delà des limites d'un club privé.

Ce malaise se traduit jusque sur la scène, alors que les proches de l'agence s'improvisent intervieweurs. Tant qu'à placer des sommités internationales sous les projecteurs, pourquoi ne pas les mettre en face de professionnels neutres qui sauraient les sonder ?

L'événement en est encore à ses balbutiements. Il faudra y apporter des ajustements, mais il reste irremplaçable. La troisième édition est déjà attendue avec impatience.

DE MON BLOGUE

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Vos réactions

«Ayant vécu 55 ans à Québec, j'ai été vraiment surpris que la construction de cet amphithéâtre se finance à même mes impôts et les taxes et impôts de toute ma parenté qui y habite encore. Pas de doute que l'aura du maire Labeaume, le charme de Pierre Karl Péladeau et l'attrait électoral pour Charest y étaient pour beaucoup dans l'acceptation sociale de ce projet.»

- jpthoma1

«Ce serait bien si la rivalité Montréal-Québec pouvait recommencer, mais ça ne devrait pas se faire aux frais des contribuables, comme ça finit trop souvent par arriver.»

- herve2

Si on est sérieux dans ce projet de faire de Montréal une ville qui carbure à la créativité, il faudra commencer quelque part.

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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