Une reprise de l'économie asymétrique au Québec

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Une reprise de l'économie asymétrique au Québec

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Le printemps n'est jamais arrivé aussi tôt au Québec et son retour coïncide avec la reprise généralisée de l'économie en Amérique du Nord, maintenant que les États-Unis émergent de la récession, même si le pays a encore une grosse côte à remonter.

Cette éclaircie est réconfortante, après que nous soyons passés si près de la désolation totale. Il y a un an, le 9 mars 2009, les indices boursiers sombraient à leur plus bas niveau. Depuis, le S&P/TSX de la Bourse de Toronto a rebondi de 60 % ! Et les signes vitaux de l'économie (emploi, habitation, investissements et autres) prennent du mieux.

Cependant, lorsqu'on l'examine de plus près, cette reprise paraît asymétrique au Québec, pour reprendre un terme populaire il y a quelques années. Les villes-centres comme Québec, Montréal et Sherbrooke s'en tirent bien. Mais si on regarde du côté des régions- ressources, vers le Nord et l'Est, les perspectives demeurent incertaines. Le beau temps tarde à apparaître.

Certaines éclaircies permettent d'espérer. Une économie américaine plus vigoureuse peut se traduire par une reprise des exportations. Il faudra cependant surveiller l'évolution de notre dollar, qui s'approche du dollar américain et pourrait bien le dépasser.

Dans son dernier budget, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, fonde ses prévisions de croissance économique sur un huard à 95,5 cents US. À court terme, tout au moins, ce repère ne tiendra pas la route. Parallèlement - et on en a moins parlé -, M. Flaherty met de côté 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour inciter les entreprises forestières à tirer davantage profit de leurs rebuts, dont on vient enfin de comprendre toute la valeur. Cette biomasse autrefois inutilisée peut produire de l'électricité et de l'éthanol : les revenus ainsi générés sont suffisants pour faire la différence entre déficit et bénéfice. À l'époque où les forestières étaient prospères, les branches pourrissaient sur place après le passage des débusqueuses. Crédits d'impôt aidant, on sera désormais plus soucieux d'utiliser au maximum la ressource. Le gaspillage a fait son temps. C'est une bonne nouvelle pour les régions.

L'industrie minière attend elle aussi son printemps. Même si le prix de l'or demeure élevé, les petites sociétés peinent encore à se financer. Au moins, dans le contexte actuel, les aurifères peuvent espérer. L'horizon est moins clair pour d'autres types de production. Il faudra une reprise soutenue pour stabiliser les prix et stimuler les prospecteurs. En tout cas, le potentiel minier demeure élevé, au Québec. On découvre régulièrement de nouveaux gisements, de fer comme de diamants.

Il faut aussi souligner que d'importants investissements mis en attente, comme ceux de Rio Tinto Alcan, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, finiront bien par démarrer avec la reprise de la demande mondiale. L'inestimable hydroélectricité québécoise, une énergie propre, abondante et abordable, nous procure encore un atout de taille dans le marché de l'aluminium, entre autres.

Encore faudra-t-il miser sur la plus importante ressource qui soit : le capital humain. En période de difficultés économiques, les gens ont naturellement tendance à se déplacer pour améliorer le sort de leur famille. Il en résulte un déséquilibre migratoire où les grandes villes se peuplent au détriment des régions. C'est aussi vrai en Chine qu'au Québec.

Or, sans travailleurs qualifiés, comment voulez-vous dynamiser l'économie locale ? Sans économie locale, comment maintenir la stabilité de la collectivité ? Sans collectivité forte, comment assurer la pérennité des services ? Et sans services de base, comment persuader les gens de rester ?

Ce sera le plus important défi du Québec. On l'a dit et répété, le choc démographique bouleversera notre rapport avec le monde. Le Québec vieillit, mais il vieillit plus rapidement dans les régions désertées par les jeunes. La question de la relève est cruciale.

Ce n'est donc pas un hasard si nous avons placé ce thème au coeur de notre grande série annuelle " La tournée du Québec ", qui reviendra la semaine prochaine avec un regard sur la région de Québec. Au total, 18 dossiers régionaux exploreront ce qu'il advient du Québec post-récession.

Dans l'ensemble, les nouvelles sont bonnes. C'est le moyen terme qui laisse songeur. Une nouvelle génération d'entrepreneurs et de gestionnaires devra monter au front... à supposer qu'on les trouve.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Le pire, c'est qu'ils ont raison, les étudiants

Suggérer une hausse substantielle des droits universitaires après les avoir gelés pendant 12 ans est un dur retour à la réalité. Les étudiants sont outrés. Et vous savez quoi ? Ils ont raison. Sur le plan individuel, on s'entend.

Vos réactions

" Il y a 12 ans, les enfants des baby-boomers étaient aux études. Maintenant qu'ils les ont terminés, nous pouvons augmenter les droits de scolarité. Nous pouvons aussi installer des péages sur les routes puisque les baby-boomers sont presque à la retraite et qu'ils n'auront plus besoin de prendre leur voiture chaque matin. "

- mbeauche

" C'est bien gentil d'augmenter les droits de scolarité, mais il serait plus intéressant et avisé que les universités, surtout francophones, aillent frapper aux portes des grandes entreprises afin de recevoir des subventions privées. "

- Jocelyne 53

" Les étudiants seront plus sérieux s'ils doivent payer un peu de leur poche. "

- stha2000

rene.vezina@transcontinental.ca

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