Sainte Trinité boursière : le secret du succès selon Benjamin Graham

Publié le 17/11/2012 à 00:00, mis à jour le 15/11/2012 à 09:37

Sainte Trinité boursière : le secret du succès selon Benjamin Graham

Publié le 17/11/2012 à 00:00, mis à jour le 15/11/2012 à 09:37

Je croyais bien connaître Benjamin Graham, le père de l'analyse fondamentale et le grand mentor de Warren Buffett. Or, même si j'ai beaucoup lu sur lui au fil des ans, j'ai adoré sa plus récente biographie intitulée The Einstein of Money1, écrite par Joe Carlen.

L'auteur a réussi un tour de force, soit de traiter avec doigté et intérêt autant des aspects humains que des aspects financiers. Un chapitre traite donc de la vie de M. Graham selon un déroulement chronologique, et le suivant explique un concept clé de placement lié de façon significative aux aspects de sa vie traités dans le chapitre précédent.

Le résultat est une description détaillée de Benjamin Graham, l'homme et également le grand investisseur et innovateur de la finance.

Car on connaît trop peu Benjamin Graham, en particulier la grande étendue de son intellect et de ses intérêts. Certes, avec des classiques comme Security Analysis et The Intelligent Investor, il s'est imposé comme une légende du placement, dont les concepts sont tout aussi d'actualité en 2012 qu'il y a 75 ans.

Trois concepts à maîtriser

Benjamin Graham s'est intéressé à quasiment tous les domaines de la connaissance. Par exemple, M. Carlen mentionne que ses mémoires, publiés après sa mort, révèlent une personne qui a réfléchi à tous les aspects de la condition humaine : la psychologie, l'amitié, la sexualité, la philosophie, etc.

On comprend maintenant pourquoi il est la seule personne à qui on a offert des postes de professeur dans trois départements de l'Université Columbia, soit les mathématiques, la philosophie et l'anglais. Les problèmes financiers de sa mère durant sa jeunesse l'ayant marqué, il a refusé les trois offres.

Trois grands concepts fondamentaux appuient sa vision, et les maîtriser vous garantit pratiquement de faire de l'argent en Bourse.

Le premier est celui de la marge de sécurité. «Comme bien des idées de M. Graham, la marge de sécurité est en apparence fort simple, mais c'est un concept énormément puissant», écrit Joe Carlen.

La marge de sécurité est ce qui distingue le placement de la spéculation, selon Benjamin Graham.

Très simplement, si vous savez que telle entreprise vaut 100 $ l'action et que vous la payez 50 $, votre marge de sécurité est de 50 $. Si vous payez plus de 100 $ cette entreprise, ou pire, si vous n'avez aucune idée de sa valeur intrinsèque, vous n'avez pas de marge de sécurité et vous spéculez.

Selon cette vision, le travail essentiel de l'investisseur est de tenter d'évaluer les entreprises avec le plus de précision possible.

Une action = une entreprise

L'autre idée fondamentale, c'est que les actions sont des entreprises. «Benjamin Graham considère les actions en Bourse comme des portions d'entreprises», a expliqué Warren Buffett à l'auteur.

Les actions ne sont donc pas des symboles dont les prix fluctuent constamment, ni des billets de loterie.

M. Graham a poussé loin cette idée, faisant preuve d'une grande vision, en encourageant les actionnaires à défendre leurs droits. «Il ne faut jamais oublier qu'un actionnaire est un propriétaire de l'entreprise et un employeur de sa direction», a-t-il écrit dans Security Analysis.

L'approche psychologique

Enfin, le troisième élément de cette sainte trinité boursière concerne l'approche psychologique de l'investisseur telle que décrite dans la parabole appelée «M. Marché» qu'on retrouve dans The Intelligent Investor, écrit en 1949. Si vous concevez la Bourse comme étant un partenaire maniaco-dépressif, vous êtes mieux équipé pour profiter de ses largesses.

La plupart du temps, ce partenaire évalue assez bien l'ensemble des entreprises. Toutefois, il a des épisodes dépressifs et d'autres, euphoriques. Ainsi, s'il veut vous vendre des actions à 50 $, dont vous avez estimé la valeur à 100 $, vous êtes prêt. Également, si, porté par un élan d'enthousiasme, M. Marché vous offre ces actions à 200 $, encore une fois, vous êtes prêt.

La clé est d'abord d'arriver à une évaluation indépendante de la société et d'avoir ensuite la discipline d'attendre que le titre se vende sous sa valeur intrinsèque.

Voilà les trois fondements qui ont fait la richesse de Benjamin Graham, de Warren Buffett et de nombreux autres depuis plusieurs décennies.

1 The Einstein of Money: The Life and Timeless Financial Wisdom of Benjamin Graham, Prometheus Books, 2012.

DE MON BLOGUE

Bourse

Faire exprès pour perdre de l'argent

J'ai un produit pour vous. Je vous le dis, il est très complexe et, surtout, il perdra presque assurément de la valeur avec le temps. Êtes-vous intéressé ?

Pourtant, ce produit existe et il est très populaire. C'est le fonds négocié en Bourse (FNB) ProShares Ultra Vix Short-Term Futures (NY, UVXY). Ce FNB tente de reproduire en double le rendement quotidien de l'indice S&P 500 VIX Short-Term Futures. Ce fonds est un immense succès si on en juge par le volume de transactions. Il compte parmi les 30 FNB les plus négociés chaque jour aux États-Unis.

Le ProShares Ultra Vix Short-Term Futures a pourtant perdu 98 % de sa valeur depuis son lancement en octobre 2011.

Vos réactions

«Ça prouve encore une fois que beaucoup de boursicoteurs n'ont aucune idée de ce qu'ils font.»

- m1ax

«Voyez-vous, M. Mooney, cela explique peut-être pourquoi la plupart des petits investisseurs ne font pas d'argent en Bourse.»

- dencour

«Apparence de simplicité n'est pas simplicité.»

- berixyz

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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