OUI, vous pouvez battre le marché

Publié le 25/08/2012 à 00:00, mis à jour le 23/08/2012 à 09:09

OUI, vous pouvez battre le marché

Publié le 25/08/2012 à 00:00, mis à jour le 23/08/2012 à 09:09

Est-il encore possible d'obtenir des rendements supérieurs aux indices à un moment où les risques sont omniprésents ? Telle est la question qu'un grand nombre de lecteurs posent à Bernard Mooney. Voici le plan de match de notre chroniqueur pour contourner la volatilité et... battre les marchés.

«Je me demande quel intérêt il y a encore aujourd'hui à investir soi-même dans des actions. Tenter de battre les indices ? Vous dites que c'est comme jouer à la roulette. Est-il vraiment impossible de battre les indices même avec beaucoup de lecture, d'analyse, de connaissances et d'efforts ?»

Cette question fort pertinente d'un lecteur m'a un peu secoué. Elle traduit le fait que bien des lecteurs peuvent percevoir une contradiction fondamentale dans mon travail. D'une part, je recommande souvent aux épargnants de s'en tenir aux FNB, qui permettent de profiter de l'appréciation à long terme du marché boursier de façon passive.

D'autre part, je n'arrête pas de donner des conseils aux investisseurs pour qu'ils choisissent mieux leurs titres et fassent de l'argent en gérant activement leur portefeuille. J'ai même écrit deux livres à ce sujet.

Malgré les apparences, j'estime qu'il n'y a pas là de contradiction, car tout dépend du lecteur. En effet, si vous avez peu de temps et d'intérêt pour la Bourse mais désirez réaliser de meilleurs rendements que les titres à revenu fixe, vous devriez vous en tenir aux FNB et oublier la gestion active. Par contre, si la Bourse vous passionne et que vous voulez y consacrer du temps, il est possible de bien faire.

Peu de pros battent le marché

En fait, je crois qu'un investisseur intelligent, dévoué et ayant une bonne maîtrise de ses émotions peut faire mieux à long terme que les principaux indices boursiers. Avant de vous dire exactement comment il est possible de battre les marchés, il faut savoir jusqu'à quel point c'est un objectif ambitieux.

En effet, il n'est pas facile de réussir en Bourse, encore moins de réaliser une performance supérieure aux indices. Et c'est la première chose à savoir de façon à ne jamais sous-estimer l'ampleur du défi. Si vous pensez qu'investir en Bourse est un jeu ou une activité sociale banale, vos chances de réussir sont nulles.

Considérez par exemple le fait que 75 % des gestionnaires professionnels ne réussissent pas à faire mieux que le marché, selon la firme de recherche Ibbotson, de Chicago. Ces pros sont brillants, travaillent à temps plein pour atteindre cet objectif et ont des ressources énormes. Pourtant, ils n'arrivent pas à faire mieux qu'un placement passif dans un indice comme le S&P 500 à New York ou le S&P/TSX au Canada.

Cette réalité ne signifie pas pour autant que le marché boursier soit efficace, une idée répandue dans certains cercles financiers. Selon cette vision, le prix d'un titre reflète toute l'information disponible, ce qui signifie qu'en tout moment il est bien évalué. Si tous les titres sont bien évalués, les marchés sont efficaces et il est impossible de faire mieux que les grands indices. La seule façon de générer des rendements supérieurs serait donc de prendre plus de risques.

Or, l'expérience de plusieurs grands investisseurs, comme Warren Buffett, Charles Munger, Peter Lynch, Prem Watsa, John Neff et William Ruane, démontre qu'il est possible de réaliser des rendements supérieurs sans s'exposer à plus de risques. Dans la plupart des cas, ces investisseurs émérites ont battu le marché... en prenant moins de risques !

Comment faire

Selon mes observations, les grands investisseurs ont ce point commun : ils achètent des titres sous-évalués, la valeur étant leur principe de base.

À leur façon, ils essaient tous de mettre la main sur des titres à 5 $, mais qui valent 10 $, selon leurs calculs. Le père de cette approche est Benjamin Graham, et son fils le plus célèbre dans sa mise en application est Warren Buffett.

Plus précisément, ces grands investisseurs présentent tous ces caractéristiques :

1. Ils voient les actions comme des entreprises, et non comme des symboles qu'on négocie de façon frénétique. Ainsi, lorsqu'ils achètent un titre, ils se comportent exactement comme s'ils achetaient la société au complet. Ils analysent et étudient en détail ses activités, sa performance historique et ses perspectives dans le but de l'évaluer.

2.Une fois le titre évalué, ils ne veulent pas le payer au prix fort. Ils font donc preuve d'une grande patience, prêts à attendre des années avant de l'acheter au moment où il se vendra sous sa valeur intrinsèque.

3. Une fois le titre acheté, la patience est encore de mise, cette fois pour que le potentiel de la société se réalise. Ces investisseurs peuvent détenir ce titre pendant des années.

4. La majorité d'entre eux concentrent leur portefeuille dans une poignée de titres choisis méticuleusement. Ici, la clé est de comprendre que si vous voulez faire mieux que les principaux indices, votre portefeuille doit être différent (certains gestionnaires vous diront qu'eux aussi adoptent une approche basée sur la valeur. Mais un coup d'oeil à leur portefeuille montre qu'il n'est pas très différent de leur indice de référence).

5. Enfin, ils ne sont pas affectés par les fluctuations boursières. Au contraire, ils les perçoivent comme des amies qui offrent des occasions de placement.

Les impératifs

Il est possible de faire mieux que les marchés boursiers à long terme, j'en suis convaincu. Mais je ne veux pas vous faire croire que c'est facile.

Il faut lire, réfléchir, étudier... bref, consacrer de nombreuses heures à cette activité pour avoir une chance de réussir. C'est le premier impératif.

Il faut également apprendre le langage des affaires, soit la comptabilité, pour être capable de lire les états financiers des sociétés et de les évaluer. Ce qui ne prend pas une si grande intelligence. En réalité, une intelligence moyenne suffit.

Le plus important est d'avoir ou de développer des qualités comme la patience, la prudence, l'humilité, l'indépendance d'esprit et le courage.

Globalement, pour réussir, vous avez donc besoin de deux grandes habiletés. La première est de savoir comment analyser en détail une entreprise et comment l'évaluer. La deuxième est de savoir maintenir en tout temps la bonne attitude face au marché boursier. Si vous avez ces deux qualités, vous pouvez perdre votre complexe d'infériorité face aux investisseurs professionnels.

POURQUOI LES INVESTISSEURS SONT MIS K.O. PAR LES BOURSES

3,29 ANS

En moyenne, les investisseurs ont conservé leurs parts de fonds communs 3,29 ans au cours des 20 dernières années.

1 Étude réalisée par la firme Dalbar et publiée en avril 2012

DES MUNITIONS POUR BATTRE LE MARCHÉ

«The Little Book that Beats the Markets», de Joel Greenblatt

«L'investisseur intelligent», de Benjamin Graham

LES 13 GRANDS AVANTAGES D'INVESTIR SOI-MÊME

Contrairement à ce que vous croyez, l'investisseur individuel bâtissant lui-même son portefeuille, bénéficie d'énormes avantages par rapport aux professionnels et à ceux qui favorisent l'approche passive (par les fonds communs ou les fonds négociés en Bourse).

1 Vous ne subissez plus aucun conflit d'intérêts. Votre intérêt personnel, c'est votre argent, votre avenir que vous gérez, et personne n'est plus motivé que vous pour faire fructifier votre avoir. Le gestionnaire de fonds cherche d'abord et avant tout à conserver son travail (ce qui est son intérêt personnel), pas à vous enrichir.

2 Vous avez le contrôle total sur vos coûts. Avec un courtier escompteur, vous pouvez limiter vos frais au maximum (surtout si vous investissez à très long terme).

3 Vous n'avez pas de clients qui vous harcèlent, vous forçant à vendre dans les creux et à acheter près des sommets.

4 Vous contrôlez votre horizon temporel. Vous pouvez choisir d'investir uniquement sur un horizon temporel de 10 ans, voire de 20 ans, sans avoir à rendre des comptes à quiconque. De plus, vous pouvez attendre le titre qui correspond exactement à vos critères, des années s'il le faut.

5 Vous contrôlez 100 % de l'impact fiscal, qui peut être géré pour minimiser vos impôts et maximiser votre rendement net après impôts.

6 Vous décidez vous-même quand vous achetez et vendez à 100 %, ce qui n'est pas toujours le cas pour le gestionnaire d'un fonds commun qui peut, par exemple, être forcé de vendre au pire moment en raison de clients qui liquident leurs parts.

7 Si vous avez toujours rêvé d'être votre propre patron, la Bourse vous offre l'occasion de réaliser ce rêve !

8 Vous pouvez investir n'importe où, dans n'importe quel type de placement, que ce soit les actions, les obligations corporatives, les actions privilégiées, etc., selon les occasions et selon vos préférences. Vous pouvez acheter de très petites entreprises, des grosses, des moyennes... sans restriction et sans vous soucier du comportement des principaux indices (les pros sont constamment évalués par rapport aux indices ; ils ont donc les yeux rivés sur eux plutôt que sur les meilleurs titres à acheter pour le long terme !).

9 Votre seul véritable indicateur de performance est la croissance après impôts de votre capital au fil des ans, peu importe ce que les marchés financiers font. Vous n'avez pas à vous soucier du comportement des marchés.

10 Vous pouvez vous concentrer sur certains marchés, sur certains secteurs ou sur certains titres que vous comprenez bien et avec lesquels vous êtes à l'aise, et oublier tout le reste. Vous pouvez passer 100 % de votre temps sur ces choses importantes pour vous.

11 Vous décidez seul, pas avec un comité. Après avoir fait votre analyse en profondeur, vous seul décidez d'acheter ou non un titre. Vous pouvez certes vous tromper, mais au moins, vous prenez toujours les décisions dans le seul et unique but de vous enrichir, pas pour faire plaisir à l'un ou l'autre.

12 Vous pouvez concentrer votre capital dans un petit nombre de titres, qui représentent vos meilleures idées. De plus, vous pouvez laisser croître vos grands gagnants sans limites (plusieurs firmes de placement vendent systématiquement les titres qui dépassent un certain pourcentage du portefeuille, 5 % par exemple). La plupart des fonds communs ont plus de 100 titres, ce qui rend pratiquement impossible une performance supérieure à long terme.

13 Vous ne pouvez que vous améliorer au fil des ans.

En apprenant de vos erreurs et en approfondissant vos connaissances. C'est un bagage qui vaut une fortune à long terme (très souvent sous-estimé) et offert nulle part ailleurs. Warren Buffett n'est pas devenu un grand investisseur du jour au lendemain, mais après 50 ans de placement, à apprendre et à s'améliorer...

«Le fait que les marchés boursiers soient dominés par les professionnels a en réalité augmenté les chances de réussite du petit investisseur.»

- Peter Lynch, gestionnaire du fonds Magellan de Fidelity durant les années 1980.

bernard.mooney@tc.tc

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