" Saputo est en bonne position pour tirer profit du contexte économique "

Publié le 06/12/2008 à 00:00

" Saputo est en bonne position pour tirer profit du contexte économique "

Publié le 06/12/2008 à 00:00

Lino A. Saputo Jr, président et chef de la direction de Saputo, était conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires qui a eu lieu le 27 novembre, à Montréal.

Journal Les Affaires - Les derniers mois ont été difficiles sur les marchés financiers, et les effets de la crise se font maintenant sentir dans l'économie réelle. Quelles sont les répercussions de cette tempête sur Saputo ?

Lino Saputo Jr - Même si nous vivons un moment sans précédent dans l'histoire économique et qu'il serait naïf de penser que Saputo est à l'abri du ralentissement, je dirais, sans vouloir être présomptueux, que pour nous, rien n'a changé fondamentalement.

Les initiatives que nous avons mises en place avant la crise sont inchangées. L'intégration de l'entreprise ontarienne Neilson Dairy dont nous avons récemment annoncé l'acquisition se déroulera comme prévu. Nous restons aussi désireux de réaliser des acquisitions à court terme. Les taux d'intérêt pourraient être plus élevés, mais nos banquiers nous assurent que nous avons encore accès à du crédit.

JLA - Saputo a connu une croissance exponentielle depuis son entrée en Bourse, en 1997, les revenus étant passés de 500 millions à 5 milliards de dollars. Quelle est la stratégie pour les prochaines années ?

L.S. - Notre objectif est de continuer d'offrir un potentiel de rendement soutenu aux investisseurs. Nous cherchons cependant à maximiser les bénéfices avant de gagner des parts de marché. Nous sommes toujours à la recherche d'entreprises à acquérir. J'ai en tout temps dans mes dossiers deux à trois profils d'entreprises intéressantes à acquérir, qui font l'objet d'un examen attentif.

Malgré nos récentes acquisitions, notre niveau d'endettement reste bas, sous le milliard de dollars, ce qui nous permet de profiter des occasions qui s'offrent à nous.

JLA - En ce sens-là, la crise peut-elle faciliter certaines acquisitions ?

L.S. - Il est certain que Saputo est bien positionnée pour tirer profit du contexte économique. En même temps, l'expérience nous a enseigné que les entreprises de production laitière ne deviennent pas toujours plus abordables en temps de crise, parce que le secteur des produits laitiers résiste bien au ralentissement. Des gens qui avaient l'habitude d'aller manger un steak au restaurant vont peut-être préférer ces jours-ci acheter une pizza surgelée, par exemple.

JLA - À mesure que vous croissez, ne craignez-vous pas d'être limité par des lois antitrust ?

L.S. - Il est certain qu'au Canada, les acquisitions deviendront plus rares. Nous allons plutôt miser sur la croissance interne au pays.

Par contre, aux États-Unis, il reste encore beaucoup de possibilités d'acquisitions, car le marché est très fragmenté. Nous n'avons encore que 10 % des parts de ce marché, bien que nous y soyons le troisième transformateur de produits laitiers.

Nous sommes aussi en train d'explorer le marché européen. Il est très différent de celui du Canada et des États-Unis, et nous sommes encore en apprentissage là-bas.

JLA - Pourriez-vous envisager une diversification au-delà des produits laitiers ?

L.S. - Non, nous sommes résolument une entreprise axée sur les produits laitiers, et nous considérons cette spécialisation comme une de nos forces. Le secteur de la boulangerie, qui représente seulement 3 à 4 % de notre chiffre d'affaires, est le premier dont je me départirais si j'avais besoin de liquidités. Lorsque nous réalisons des acquisitions, nous rencontrons la direction et nous leur expliquons que nous sommes avant tout des manufacturiers de produits laitiers, avant d'être des spécialistes du marketing ou des ventes. Ceux qui ne sont pas d'accord avec cette vision doivent s'en aller.

JLA - Depuis sa création il y a plus de 50 ans, Saputo a grandi grâce aux acquisitions et à une longue histoire d'intégrations réussies. Quel est le secret de ce succès ?

L.S. - Il faut être sur le terrain en allant rencontrer les employés et en les consultant activement. Par exemple, lorsque nous avons acheté Molfino Hermanos en Argentine, nous y avons délégué cinq cadres de Saputo qui sont allés vivre là-bas pendant deux ans. Réciproquement, la direction de la société acquise est invitée à venir aux bureaux de Saputo. Tout est ouvert à la discussion, excepté la base de notre culture d'entreprise.

JLA - Vos derniers résultats trimestriels ont été durement touchés par la baisse du prix du petit-lait [un sous-produit que Saputo vend à d'autres transformateurs alimentaires]. Vous attendez-vous à ce que cette situation persiste ?

L.S. - C'est là un des impacts de la volatilité des marchés. Le prix du petit-lait, qui s'établissait à 25 cents la livre, a grimpé à 80 cents la livre il y a un an quand les produits de base ont atteint des prix records. Les acheteurs se sont tournés vers des succédanés, et aujourd'hui, le prix a chuté à 18 cents la livre. La demande pour le petit-lait devrait toutefois se redresser et nous nous attendons à ce qu'il atteigne 35 cents la livre d'ici 18 mois.

JLA - En terminant, comment vivez-vous le fait d'être à la tête d'une entreprise familiale, fondée par votre grand-père puis développée par votre père ?

L.S. - Il n'a pas toujours été facile de travailler avec mon père. Cela dit, j'entretiens maintenant une excellente relation avec lui. Je ne pense pas que la façon de gérer l'entreprise change sous ma direction. J'ai grandi au sein de Saputo, la culture de l'entreprise est la même que celle de ma famille et j'ai la même passion que mon père.

( CV )

Nom : Lino A. Saputo Jr

Âge : 42 ans

Titre : Président et chef de la direction

Entreprise : Saputo

Lino A. Saputo Jr est président et chef de la direction de Saputo depuis mars 2004. Diplômé en sciences politiques, il a commencé à travailler pour l'entreprise familiale en 1988, et y a occupé plusieurs postes de direction. Depuis 2005, il est président du conseil de la campagne de financement de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.

jean-francois.cloutier@transcontinental.ca

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