Les révélations à propos de la corruption à la Ville de Montréal ont-elles beaucoup entaché la réputation de la métropole québécoise à l'étranger ?

Elles n'ont pas fait beaucoup de vagues en Europe, où nous sommes plongés dans quelques gros dossiers, comme les négociations sur les changements climatiques et la nomination du premier président de l'Union européenne. De plus, en France, nous avons eu notre lot de procès et affaires, notamment avec le dossier Clearstream, qui impliquait un ancien premier ministre et le président de la République. Donc, l'impact des affaires que vous évoquez est minime en Europe.

Montréal et le reste du Québec peuvent-ils perdre des investissements étrangers en raison de ces scandales ?

Bien sûr, il y a toujours un risque que certaines entreprises soient refroidies par une telle atmosphère. C'est pourquoi il est toujours important de clarifier la situation et de mettre en place une gouvernance très stricte, notamment sur tous les appels d'offres publics. Cela dit, les cas d'entente [c'est-à-dire de collusion] sont malheureusement assez fréquents dans tous les marchés. La Commision européenne a souvent pointé du doigt des cas d'entente flagrants dans plusieurs secteurs.

Et si Montréal n'arrive pas à mettre fin à ce système, pourrait-on un jour la comparer à des villes corrompues d'Amérique latine ou du Sud de l'Italie ?

Vu d'ici, à Paris, franchement la perception n'est pas du tout que Montréal est le fief du clan des Siciliens, pour rappeler le titre d'un film. Le maire Gérald Tremblay a bonne réputation. Simplement, il faut qu'il s'attaque au mal sans doute avec beaucoup plus de détermination. Et cela peut prendre du temps si les pratiques sont enracinées depuis longtemps.

Montréal doit-elle lancer une campagne pour redorer son image et rassurer les investisseurs ?

Il faut faire les deux, mettre de l'ordre et promouvoir les attraits de son bassin d'emploi. Toute région, toute province est en concurrence avec le reste du monde pour attirer les investissements. Personne ne peut se reposer sur ses lauriers. Montréal a de nombreux atouts : une diversité culturelle, une proximité avec les États-Unis, une main-d'oeuvre bien formée, de belles universités, une ambiance décontractée et chaleureuse.

( CV )

Nom: Olivier Fleurot

Âge: 57 ans

Fonction: Président de PRCC et de Publicis Events Worldwide

Entreprise: Publicis

De 1999 à 2006, cet ancien journaliste a été le directeur du Financial Times de Londres.

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