Terry Soucy est dévoré par la passion de l'alpinisme. Et en 2005, ce conseiller en placement de CIBC Wood Gundy a réalisé que sa passion pouvait servir à faire du bien.

Depuis lors, chaque année il réunit une équipe de «tripeux» pour faire l'ascension d'une montagne ; chacun doit s'engager à recueillir au moins 5 000 $ pour une bonne cause. Le 4 mars dernier, M. Soucy s'est envolé avec 11 autres personnes pour la Tanzanie, où le groupe a entrepris l'ascension du plus haut des trois sommets du Kilimandjaro, le Kibo (5 892 mètres d'altitude).

Les participants pourront-ils couvrir le coût de leur expédition en puisant dans les dons qu'ils ont amassés ? «Absolument pas, répond Terry Soucy. Chaque participant assume tous ses frais, soit environ 8 500 $. Ce qui signifie que la totalité des fonds recueillis ira à la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants.»

L'assurance des dons en ligne

Il reste que, quand un collègue de travail vous demande de le soutenir financièrement dans sa quête d'un des plus hauts sommets du monde en faisant un don à une organisation caritative, vous pouvez vous demander quel pourcentage de votre don servira vraiment la cause.

«C'est une question que de plus en plus de donateurs se posent, et avec raison», reconnaît Daniel Asselin, président de la firme-conseil en collecte de fonds Épisode.

N'ayez pas peur de passer pour cheap ou suspicieux, et posez des questions. Et si vous n'obtenez pas de réponses satisfaisantes, trouvez une autre organisation à laquelle donner votre argent.

Pour rassurer les donateurs, Daniel Asselin privilégie les plateformes Web transparentes dont certaines, comme celle de l'Hôpital de Montréal pour enfants, émettent par courriel un reçu pour les impôts dans les 24 heures suivant le don. «Aucun des participants, ni moi, ne voit la couleur de l'argent, a répondu M. Soucy, 45 ans. Les gens effectuent leur don directement sur le site Internet www.1millionkm.com de la Fondation.»

En revanche, M. Asselin n'aime pas beaucoup les organisations qui permettent aux participants de déduire leurs frais de l'argent recueilli, même si c'est tout à fait légal. «S'il fallait que les donateurs défraient les coûts de toutes les personnes qui rêvent d'escalader une montagne...»

«Il est plus facile pour les participants de recueillir de l'argent, quand ils peuvent garantir que 100 % des fonds iront à l'organisation charitable, ajoute M. Soucy. En plus, ce genre d'expérience attire forcément des fonceurs qui sont capables d'aller chercher de bons montants.»

Du côté des fondations

La présidente de la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants, Marie-Josée Gariépy, nous a confirmé que la totalité des fonds recueillis dans le cadre de cet événement en particulier a été versée à la Fondation. Cela dit, Mme Gariépy admet que d'autres activités que son personnel organise comportent des coûts qui doivent être déduits des dons recueillis. «Dans le cas d'événements, comme des galas, des soupers et autres, il faut acheter les aliments, payer des cuisiniers, louer une salle, etc. Nous trouvons des commanditaires pour réduire ces coûts, mais il reste presque toujours des montants qu'il faut acquitter avec une partie des dons», explique-t-elle.

Dans ces cas, les donateurs pourraient vouloir connaître les sommes nettes recueillies, soit la valeur totale des dons moins le coût de l'événement. «Nous ne les publions pas, mais si un participant nous appelle pour le savoir, nous allons lui fournir les chiffres», dit Mme Gariépy.

Même si 100 % des sommes recueillies dans le cadre d'un événement ne servent pas directement la cause, Daniel Asselin explique que ce type d'activité a le mérite d'attirer beaucoup de publicité gratuite sur l'organisation et la cause qu'il défend. À condition de ne pas exagérer. Et pour être certain que l'organisation gère les dons reçus en bon père de famille, il faut consulter les états financiers (souvent offerts sur Internet). «Les frais administratifs additionnés aux frais de campagne de financement devraient représenter au plus de 25 à 30 % des sommes collectées dans l'année.»

Série 6 de 10

Cette série s'inspire des défis que relèveront 12 entrepreneurs dans le cadre de l'émission La Franchise, diffusée le mercredi soir à 21 h sur les ondes de V et sur vtele.ca. Les candidats, qui participent pour gagner une franchise St-Hubert Express, s'affronteront pendant 10 semaines lors d'épreuves élaborées autour de thèmes majeurs de la gestion et de l'entrepreneuriat, et que Les Affaires décortiquent pour vous.